Le sous-emploi des nouveaux arrivants est une réalité vécue dans le processus d’intégration du marché du travail. La question du sous-emploi se pose quand un immigrant occupe un poste qui exige un niveau de scolarité inférieur à celui qu’il détient. L’immigrant qui est en emploi pour un poste en deçà de ses compétences est une perte économique et humaine pour l’ensemble de la société d’accueil (frustration de l’immigrant se reflétant de manière négative dans le vivre-ensemble harmonieux, peu de motivation de l’immigrant à travailler dans les manufactures, sous-utilisation du potentiel économique, etc.).

La surqualification des travailleurs immigrants par rapport à des postes a fait l’objet d’études pancanadiennes dont, notamment « Les immigrants sur le marché du travail canadien en 2008 : analyse de la qualité de l’emploi ».

Sélectionnés pour leur capacité à occuper des emplois qualifiés, les nouveaux arrivants se retrouvent, dans un premier temps, à occuper des emplois non-qualifiés. La présence ou surreprésentation des personnes immigrantes dans les programmes d’assistance sociale, les difficultés des médecins étrangers, surtout d’origine noire africaine et maghrébine, sont des baromètres révélateurs des inégalités et des difficultés d’insertion d’une catégorie de la population. La surreprésentation des femmes immigrantes dans des emplois précaires ainsi que leur taux de chômage révèlent également de sérieux problèmes.

Le taux de chômage atteint parfois plus de 30 % chez certaines communautés culturelles. Dans tous les pays d’immigration, les immigrants sont les premiers à écoper en période de crise économique. Même si le Québec s’en est mieux tiré que les autres provinces canadiennes, les immigrants continuent à occuper les emplois atypiques, deviennent de plus en plus flexibles et touchent les salaires les plus bas. En 2008‑2009 (début de la crise économique), comme dans les années précédentes, les personnes immigrantes ont toujours eu des difficultés à s’intégrer sur le plan professionnel.

Les personnes immigrantes acceptent, la mort dans l’âme, le déclassement professionnel. La déqualification professionnelle, ou le déclassement professionnel, n’est rien d’autre que le fait d’occuper un emploi en deçà de ses compétences. La frustration des immigrants ne se ressent pas et ne se mesure pas de la même façon, d’un immigrant qualifié possédant plusieurs années d’expérience à un immigrant fraîchement diplômé des universités.

En général, la qualification ou la formation des immigrants sont souvent supérieures, dans certains postes, à celles de la population québécoise. Par contre, il serait déconseillé à un immigrant de déclarer, à ses tout débuts, qu’il n’acceptera jamais des postes d’entrée sous prétexte qu’il est compétent. Le système accordera du mérite aux personnes compétentes une fois que ces dernières auront eu la chance de prouver à l’employeur qu’elles livreront la marchandise en tout temps. Il faut être capable de faire les preuves de ses compétences à l’intérieur de l’entreprise.

Différentes initiatives ont été mises sur pied pour faciliter l’intégration des immigrants- (Programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi (PRIIME), Intégration en emploi de personnes formées à l’étranger référées par un ordre professionnel (IPOP), Défi Montréal, Passerelle pour l’emploi en région, Mentorat)-, mais ces mesures devraient être accompagnées des moyens financiers proportionnels au nombre d’immigrants reçus annuellement, ce qui est loin d’être le cas.

Première date de publication : 16 septembre 2014

Source : Blogue de l’intégration professionnelle (Doudou Sow)

Par Doudou Sow le Dimanche 08 Octobre 2017 dans Avis de l’expert, Blogue, COIN DE L’EXPERT, Immigrer au Québec, MENTORAT, Reconnaissance des acquis, diplômes et compétences, Travailler au Québec, Travailleurs permanents. Un commentaire