Lauréat du Mois de l’histoire des Noirs au Canada, Doudou Sow : « J’ai toujours été choqué par l’injustice sociale » par Moussa Diop

21 Fév 2017 Success Story

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Lauréat du Mois de l’histoire des Noirs au Canada, Doudou Sow : « J’ai toujours été choqué par l’injustice sociale »

C’est un paradoxe : quand des statistiques montrent que les immigrés au Québec éprouvent plus de difficultés pour décrocher un emploi en comparaison aux autres vivant ailleurs en Amérique du Nord, Doudou Sow, un Sénégalais installé dans ce pays, vient d’être primé pour son apport dans l’intégration des immigrés par le travail.

Arrivé au Canada il y a 12 ans, Doudou Sow a fini par y devenir une personnalité qu’on érige en exemple. En effet, conseiller à l’emploi, Doudou Sow s’est illustré en facilitant l’intégration des étrangers par le biais du marché du travail. Il vient d’être primé par la Table Ronde du « Mois de l’histoire des Noirs », édition 2017. Il a reçu son prix le 2 février dernier à l’hôtel de Montréal en présence du maire de Denis Coderre. « C’est une distinction qui magnifie un travail entamé depuis des années, commente-t-il au téléphone. Je travaille avec le regroupement des Sénégalais du Canada ainsi que celui des Ivoiriens, des Camerounais, des Algériens. J’essaie de leur trouver une réelle place au sein de la société canadienne ». Doudou Sow pense que c’est grâce à l’emploi que l’immigré pourrait se sentir « parfaitement intégré dans la société d’accueil en contribuant sur le plan économique, social et culturel. « Le Québec a recruté des cerveaux qui ne lui ont rien coûté et c’est un gaspillage de compétences que de les laisser sur le carreau et de ne pas leur donner un emploi ». Premier facteur d’intégration et de socialisation d’un individu, l’emploi est également vu sous l’angle militant par Doudou Sow.

« Quand on aide un migrant, on aide aussi le pays d’origine car on sait qu’au Sénégal, la contribution de la diaspora est très importante au sein des familles et de l’économie nationale ». Prenant sa distinction comme une « réponse à ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis (décret sur l’immigration, ndlr) et en France (montée des idées d’extrême droite, ndlr) », Doudou Sow décrit un « pont entre les migrants et la société d’accueil », car les immigrés cotisent, permettent au Québec de garder son caractère français, ce qui ralentit le recul de cette langue », fait-il remarquer. C’est une distinction qu’il a dédié à son épouse (Aïcha Fall-Nous avons connu trois années difficile car elle souffrait d’un cancer du sein) mais aussi à l’ensemble de la diaspora qui se distingue favorablement au Canada. C’est une manière également de rappeler un parcours pas toujours rectiligne mais encadré par des valeurs. « Depuis l’enfance, j’ai toujours été interpellé et choqué par l’injustice sociale.

C’est ce qui m’a poussé vers les études sociologiques, notamment celle explicative et compréhensive de Durkheim et de Weber », déclare-t-il.

Sa quête entamée à l’Université de Saint-Louis sera poursuivie à Rennes, en France. « Diplôme de Sociologie en poche, je suis spécialiste en travail et organisation avant de quitter la France pour le Canada et devenir un spécialiste en politique d’emploi et des pratiques novatrices ». Conseiller en emploi, sociologue, consultant, conférencier, Doudou n’en est pas moins écrivain. Le Sénégalais est l’auteur de deux ouvrages qui s’avèrent être des méthodologies sur l’emploi des migrants : « Intégration : une responsabilité partagée entre la société d’accueil et la personne immigrante » (Paru avril 2014) puis « Intégration professionnelle des personnes immigrantes et identité québécoise : une réflexion sociologique » (Avril 2014), parus le même jour. « Je pense être la seule personne à sortir deux ouvrages le même jour, sourit-il ».

Moussa DIOP

 Source : Le Soleil (Sénégal)

Par Doudou Sow le Vendredi 20 Octobre 2017 dans COIN DE L’EXPERT, Doudou dans les médias, Témoignages. Aucun commentaire