M. Toni s’exprimant le 10 juin lors du panel Satori Montréal, une rencontre qui visait l’éveil des montréalais et du milieu des affaires aux défis de l’inclusion. Crédit photo Chantal Levesque -BINAM.

Le Québec a souvent défendu la pertinence et l’utilité d’une fonction publique représentative de l’ensemble de la population québécoise. Le Québec reste la province canadienne où le secteur public est très important.

La récente nomination de Didier Lambert Tony au poste de sous-ministre adjoint au ministère de la Famille traduit ou confirme-t-elle le début d’une concrétisation de la promesse du ministre Christian Dubé? La semaine dernière (19 septembre), la journaliste Geneviève Lajoie du Journal de Québec nous apprenait que le ministre responsable de l’Administration gouvernementale et président du Conseil du trésor, Christian Dubé, s’engageait « à étendre le programme d’accès à l’égalité en emploi pour les personnes membres des minorités visibles* et ethniques* aux mandarins de l’État. »

« Christian Dubé veut plus de membres des minorités visibles chez les sous-ministres », titrait ainsi Le Journal de Québec. En effet, « la proportion de personnes issues des communautés culturelles chez les mandarins de l’État est famélique, révèle les plus récentes données du gouvernement. Seulement 23 des 724 hauts fonctionnaires que compte l’État québécois sont membres de minorités visibles ou ethniques. »

On pouvait également lire dans l’article de Mme Lajoie que « le ministre Dubé a assuré que son gouvernement souscrit entièrement au programme d’accès à l’égalité en emploi mis en place en 2018. Annoncée par le précédent gouvernement libéral, cette mesure vise l’atteinte de 18 % de personnes issues des communautés culturelles dans l’ensemble de l’effectif régulier et 6 % chez les cadres d’ici 2023. À l’heure actuelle, 11 % des employés de l’État et 4,9 % des gestionnaires sont membres de minorités visibles ou ethniques. (…) Christian Dubé ouvre la porte à étendre le programme aux sous-ministres et dirigeants d’organismes publics, et aussi aux anglophones, qui représentent moins de 1 % de l’effectif régulier de la fonction publique. »

Sur les réseaux sociaux, bon nombre de collègues québécois du directeur régional de Services Québec de l’île-de- Montréal au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, tout en soulignant sa modestie, ont exprimé leur satisfaction pour cette nomination du Conseil des ministres et ont tenu à la souligner.

Le gouvernement Legault réussira-t-il donc le pari de l’intégration des membres de minorités visibles dans la fonction publique là où d’autres gouvernements ont eu des résultats mitigés? La représentativité ou faible représentativité des minorités visibles dans la fonction publique est en effet une problématique endémique malgré les bonnes intentions des gouvernements successifs (Parti québécois (PQ), Parti libéral du Québec (PLQ). (Lire à ce sujet notre article publié le 16  février 2016, Sous-représentation des minorités visibles ou racisées : un débat de société)

En guise de rappel, le journaliste et reporter Thomas Gerbet d’ICI Radio-Canada avait réalisé un excellent travail sur le sujet en procédant dans sa démarche par une compilation des chiffres « parmi les données de 500 organismes employant plus de 600 000 travailleurs » (en 2016) et « les données sur les effectifs de plus de 400 organismes publics et ministères employant près de 700 000 Québécois» (en 2018) auprès de la Commission des droits de la personne, mais aussi du Conseil du Trésor ou directement auprès des organismes.

Les enquêtes de ce journaliste d’investigation sur la question de la sous-représentation des minorités visibles dans toutes les sphères des organismes publics du Québec ( Il manque plus de 25 000 employés issus des minorités visibles dans les organismes publics du Québec (21 janvier 2016) et Les employés du secteur public québécois sont trop blancs (31 janvier 2018)  avaient jeté un pavé dans la marre. 

La représentativité dans le pouvoir et l’intégration en emploi dans tous les secteurs d’activité constituent une des solutions pour régler le problème. La présence dans les lieux de pouvoir et de représentation des différentes communautés rend crédible l’image de personnes immigrantes compétentes.

L’intégration des personnes immigrantes au Québec doit être un débat de société. L’implication de tous les partenaires concernés permettra aux acteurs politiques de travailler ensemble sur la question de l’immigration et de l’intégration des personnes immigrantes au-delà des partis politiques pour éviter toute partisannerie.

Une campagne gouvernementale de sensibilisation et d’information serait pertinente à une période où il faut moins que jamais cesser de marteler le discours de la nécessité de l’immigration et de sa nécessaire intégration.

DéfinitionLes minorités visibles sont toutes les personnes qui n’ont pas la peau blanche. Au Québec, les principaux groupes représentés sont les Noirs, suivis des Arabes, des Latino-Américains et des Sud-Asiatiques.

Les membres des minorités ethniques sont des personnes, autres que les Autochtones et les personnes d’une minorité visible, dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais.

Par Doudou Sow le Dimanche 29 Septembre 2019 dans Blogue, COIN DE L’EXPERT, CONSEILS, Immigrer au Québec, Travailler au Québec. Aucun commentaire