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Le peuple sénégalais qui a voté, de manière démocratique, acceptera-t-il la confiscation de sa victoire?

L’histoire semble se répéter avec les derniers événements. Des faits récents donnent encore raison à l’opposition, à la société civile et à la population. 

Mise en contexte historique et actuel

Lors des élections législatives de 2017, il y avait beaucoup de problèmes avec les cartes d’électeurs et des Sénégalais n’avaient pas reçu leurs cartes d’électeurs, ils n’avaient pas aussi le temps et certains n’étaient pas dans le fichier. Les élections législatives constituaient alors la plus mauvaise organisation d’une élection dans l’histoire électorale sénégalaise. Rappelons que la bonne organisation d’une élection est la responsabilité exclusive d’un État.

800 000 cartes d’électeurs n’avaient pas été fabriquées, un million de cartes n’avaient pas été aussi distribuées, donc 2 millions de Sénégalais n’avaient pas voté. Après la mauvaise expérience du référendum, des dysfonctionnements dans l’organisation du vote des élections législatives du 30 juillet 2017 étaient notés dans presque tout le pays. L’État avait créé les conditions pour désorganiser volontairement les élections pour reprendre l’expression du célèbre du journaliste indépendant Pape Alé Niang qui avait constaté, comme d’ailleurs tous les citoyens sénégalais, une planification savamment orchestrée par le pouvoir en place pour saboter le vote dans les localités qui ne leur étaient pas favorables (vol des élections, ordres de mission à Dakar (près de 7 500 ordres de mission, Législatives 2017 : les ordres de mission ont permis à la coalition BBY (coalition présidentielle) de gagner les élections à Dakar, titrait un journal) , fermeture de bureaux ou destruction et démarrage tardif des bureaux de vote dans les localités moins favorables à la mouvance présidentielle, manque de bulletins du candidat Wade dans son fief à Touba, début du vote tardif dans certains bureaux de vote défavorables au président, rétention des cartes d’électeurs, rétention des cartes d’électeurs, transfert de cartes d’électeur d’une région à une autre, etc.).

Nous avions jugé pertinent de mettre dans notre publication la preuve en image de la prévision, depuis le 19 juillet 2018, du président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle Ameyrou Gningue sur l’issue de l’élection présidentielle. Cette prévision était confirmée par l’annonce de la victoire, avant la validation des résultats officiels, du premier ministre, Abdallah Dionne, celui-là qui avait aussi annoncé le nombre de candidats admissibles à l’élection présidentielle. Ce qui avait été confirmé par le Conseil constitutionnel, institution qui a toujours manqué le rendez-vous de l’histoire avec le peuple sénégalais, depuis quelques années.

En 2019, le Conseil constitutionnel avait rejeté 20 sur les 27 dossiers de candidatures, acceptait dans la première étape du processus de validation de parrainage les candidatures des deux K (Karim Wade et Khalifa Sall) et les invalida par la suite sous prétexte qu’ils n’étaient pas éligibles à l’élection présidentielle sénégalaise du 24 février 2019. Le titre du journal WalfQuotidien sur les déclarations du premier ministre au sujet du nombre exact de candidats à l’élection présidentielle avant la publication de la liste définitive de la plus haute instance du système judiciaire est une preuve flagrante de l’instrumentalisation de nos institutions par le pouvoir exécutif : Mohammed Dionne « décrète » – « Il n’y aura pas cinq candidats face à Macky (le 24 février, à 18 heures, tout sera déjà joué), avait-il même ajouté ».


En juillet 2022, rebelote de la tentative de confiscation du vote des électeurs lors des élections législatives.

Le pouvoir en place chercherait à confisquer le vote des Sénégalais si l’on en croit aux déclarations (aux environs de minuit, le modus operandi est toujours le même) de la tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), la coalition du parti présidentiel. En effet, l’ancienne premier ministre, Mimi Touré, annonce au siège de l’Alliance pour la République (APR, le parti présidentiel), avant même la proclamation des résultats officiels des élections législatives, que ladite Coalition a gagné 30 départements sur les 46 que compte le Sénégal. « Nous sommes incontestablement une majorité à l’Assemblée nationale », martèle-t-elle, sans réellement convaincre sa propre Coalition et la majorité des Sénégalais. Il convient également de préciser que l’expert électoral Ndiaga_Sylla avait indiqué, au fur et à mesure de la publication des résultats publiés par les médias sénégalais, que « la tendance lourde affiche une victoire de l’inter-coalition Yewwi-Wallu (près de 85 sièges). La cohabitation semble inévitable !».  Même la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS) qui a habitué les Sénégalais, sous le règne du président Macky Sall, à chanter les louanges du régime évoquait la cohabitation à l’Assemblée nationale, avant de se faire rabrouer par son directeur, membre du parti au pouvoir et maire d’une localité (preuve à l’appui, regarder la vidéo https://www.facebook.com/watch?v=551387786769051).

Enfin, rappelons plusieurs actes d’une stratégie ou logique de hold-up électoral mise en place par le régime du président Macky Sall que nous avions soulevés dans notre article publié en février 2019 et intitulé Une fraude électorale est-elle encore possible au Sénégal? Nous constatons, avec regret, que certains de ses 9 actes sont toujours d’actualité (Lire à ce sujet l’article en question, ici).

Huit coalitions étaient en lice pour ces élections législatives : Benno Bokk Yakaar (BBY- « unis pour le même espoir » en langue wolof) et les partis d’opposition dont la principale coalition Yewwi Askan Wi (Yaw-Libérer le Peuple) formée autour d’Ousmane Sonko, arrivé troisième de la présidentielle de 2019 et sa nouvelle alliée Wallu Sénégal (« secourir le Sénégal ») dirigée par l’ancien président Abdoulaye Wade. Les autres coalitions de l’opposition sont : AAR Sénégal (Alternative pour une Assemblée de Rupture), avec comme tête de liste, Thierno Alassane Sall; Bokk Gis Gis Liggey (vision commune) de l’ancien maire de Dakar et ancien président de l’Assemblée nationale, Pape Diop; la coalition Naatange Askan wi du religieux Cheikh Alassane Sène; Les Serviteurs-MPR de Pape Djibril Fall, un journaliste et ancien chroniqueur; la coalition Bunt Bi du professeur El Hadji Ibrahima Mbow, fortement soupçonnée de rouler pour le pouvoir en place.

Les députés sénégalais sont élus de deux manières : un mode d’élection qui panache scrutin proportionnel avec des listes nationales pour 53 parlementaires, et scrutin majoritaire dans les départements pour 97 autres. La diaspora dispose de 15 députés.  Les Sénégalais votent pour les législatives qui constituent un scrutin test avant la présidentielle de 2024. L’opposition sénégalaise veut ainsi imposer la cohabitation à l’Assemblée nationale et freiner les intentions du président Macky Sall qui restent floues sur sa décision de briguer une troisième candidature alors qu’il disait, vidéos et audios à l’appui, ne peut pas faire plus deux mandats comme le prévoit la constitution sénégalaise qui stipule en son article 27 que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ».

Le contexte géopolitique sénégalais exige de ne pas abandonner à son triste sort cette ancienne vitrine de la démocratie africaine. Une mobilisation citoyenne et une intervention de la communauté internationale, peuvent faire reculer, avant qu’il ne soit trop tard, le président le plus impopulaire de l’histoire du Sénégal

Saluons la maturité du peuple sénégalais et respectons le choix des électeurs !#SenegalVote #La_Cohabitation_Actée #assemblée_2022

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Par Doudou Sow le Lundi 01 Août 2022 dans ACCUEIL, Analyse de l'actualité, Blogue, Opinion. Aucun commentaire