Le suspense du dévoilement de ce jour de la liste officielle des candidats à l’élection présidentielle par le Conseil constitutionnel a été interminable car le scrutin présidentiel est un moment important dans l’histoire démocratique d’un pays. Il faut toutefois noter que l’écrasante majorité des Sénégalais n’ont pas de très grandes attentes du Conseil constitutionnel surtout que toutes les décisions des dernières années de cette institution sont favorables au pouvoir. Le Conseil constitutionnel, qui connait une rupture de confiance avec le peuple sénégalais nécessitant ainsi une réforme en profondeur, a toujours manqué le rendez-vous de l’histoire.

« Le Sénégal, les 7 juges du Conseil constitutionnel, l’Afrique et le monde savent [pertinemment] que la CDC [Caisse des dépôts et consignations] a refusé illégalement et systématiquement de produire une attestation pour Ousmane Sonko », comme le soulignait Ayache Bielsa dans une publication Facebook du 13 janvier. Précisons que le directeur général de la caisse des dépôts et consignations Cheikh Issa Sall est membre actif du parti au pouvoir et maire de la ville de Mbour. Ce qui veut dire clairement, paradoxalement et tristement que le principal opposant Ousmane Sonko a été éliminé par une décision judiciaire résultant d’une défaillance volontaire de l’administration gérée, de surcroît, par un membre actif du pouvoir ennemi juré du leader de l’opposition qui incarne pourtant l’espoir de millions de Sénégalais.

En guise de rappel, dans un communiqué daté du 1er janvier 2018, 23 candidats de l’opposition « dénonçaient un coup de force du candidat sortant Macky Sall consistant à éliminer des candidats à l’élection présidentielle avec la complicité d’un Conseil constitutionnel ». (Lire à ce sujet notre article paru dans le journal Le Devoir Une élection présidentielle à haut risque au Sénégal, 30 janvier 2019).

Comme quoi, l’histoire des magouilles du processus électoral par le régime dictatorial de Macky Sall semble se répéter. L’élimination du chef de l’opposition Ousmane Sonko et d’autres principaux adversaires politiques par une justice inféodée à l’exécutif entachent à jamais la crédibilité du processus électoral et par conséquent la légitimité du prochain président sénégalais.

Malgré toutes les forfaitures du régime en place pour saboter ce scrutin, les Sénégalais iront massivement voter à l’élection présidentielle du 25 février 2024 pour sanctionner les 12 ans de dictature, d’impunité, d’une « justice deux poids, deux mesures », d’arrogance, de corruption et de bradage des ressources naturelles. Le coup de force électoral ne devrait pas passer. Le Sénégal n’appartient pas au président Macky Sall, encore moins à son clan, mais au peuple souverain sénégalais qui doit décider librement et démocratiquement de celui ou de celle qui sera à la tête du pays.

Doudou Sow, sociologue, auteur et lauréat du Mois de l’histoire des Noirs

Par Doudou Sow le Dimanche 21 Janvier 2024 dans ACCUEIL, Blogue. Aucun commentaire