La démocratie est une affaire de franc-jeu nourrie par des « gentlemen » favorisant de manière élégante la sportivité. À 7 mois de l’élection présidentielle sénégalaise du 25 février 2024, personne ne peut dire exactement qui est candidat ou candidate. Les conditions mises en place par le président-sortant Macky Sall ont entraîné un recul démocratique et semé la confusion dans un contexte où les partis politiques auraient normalement commencé à débattre sur les différents plateaux de télévision de leurs programmes pour convaincre les électeurs et électrices sénégalais.es de leur faire confiance.

Le respect des acquis démocratiques est non négociable  

Dans une démocratie achevée, il est de coutume de connaître la date de l’élection selon un calendrier républicain préétabli et respecté; tous les candidats ont accès intégralement au fichier électoral; on n’empêche pas les candidats, par le biais de l’instrumentalisation de la justice, de se présenter aux élections, ni de refuser d’inscrire sur les listes électorales les primo-votants ou encore de faire du parrainage, un mode inéquitable de sélection des candidats. Il n’appartient pas à un président sortant de choisir son successeur à la tête du pays mais plutôt le peuple, le seul souverain.

Dans un État de droit, les citoyens sont tous égaux devant la loi comme le stipule la constitution sénégalaise; le fait de penser que certaines vies valent moins que d’autres donne carte blanche au droit de tuer ou confère une prime à l’impunité. On ne peut parler de légitime défense des forces de sécurité lorsque des jeunes sont désarmés et revendiquent, à juste titre, leur droit à un avenir meilleur.  Au nom de l’inclusion sociale et économique, l’avenir de la jeunesse sénégalaise doit être assuré par et pour toutes les couches sociales.

Le peuple sénégalais doit exclusivement décider qui peut remporter l’élection présidentielle et non un président qui choisit ses adversaires politiques ou celui ou celle qui doit voter.

Que le meilleur des candidats ou des candidates à l’élection présidentielle gagne.

Même si le président Macky sall a récemment déclaré qu’il ne se présentera pas aux prochaines élections présidentielles comme le lui exige la Constitution en son article 27 , alinéa 2; le peuple sénégalais reste toujours vigilant par rapport à l’élimination de certains candidats dont notamment le chef de l’opposition Ousmane Sonko.

Au Sénégal, on dit « beuré kou meune sa mane sa morome douma » (que le meilleur gagne). La métaphore de la lutte traditionnelle, sport national sénégalais, est invoquée ici pour inciter les différents adversaires à respecter les règles régissant l’arène nationale (pluralisme politique sans élimination politico-judiciaire, égalité des chances par un parrainage transparent et démocratique, etc.).

Le leader panafricaniste Ousmane Sonko a réussi à poser le débat sur la répartition équitable des ressources naturelles tout en tentant de convaincre les jeunes que leur avenir est au Sénégal et en Afrique. Il a rappelé ce pacte qui le lie à la jeunesse, dans un message en date du 11 juillet dernier, lors de la tragique traversée clandestine où « environ 300 jeunes auraient disparu dans les méandres de l’Atlantique. Une fois de plus, en quête d’un ailleurs hypothétiquement meilleur. (…) Aux jeunes de mon pays, je réitère mon appel : vous ne pouvez avoir un meilleur avenir qu’ici, chez nous ! Ne fuyez pas votre destin, restez et menons ensemble le seul combat qui vaille : la construction souveraine de notre développement économique et social ! Ceci est très largement à notre portée ».

Le chef de l’opposition Ousmane Sonko est tellement populaire qu’il a été séquestré lui et sa famille pendant plus de cinq semaines par un régime en fin de règne ayant peur du lendemain et de la reddition de comptes. Le régime ne supporte plus de voir l’espoir de la jeunesse sénégalaise drainer des foules à chaque sortie spontanée ou en mode caravane organisée. Le régime ne veut plus que les Occidentaux décèlent sa popularité par une foule immense qui l’accompagne, le sécurise à chaque déplacement. En fait, le régime craint cette popularité et lui colle injustement le motif de « trouble à l’ordre public ». Souvenez-vous de la réponse de monsieur Ismaïla Madior Fall, garde des Sceaux, ministre de la Justice pour justifier la « séquestration ou bunkérisation » du domicile de celui qui a toujours démontré une résilience et une dignité face à toutes les épreuves de la vie politique? 

Même séquestré dans son domicile, le leader charismatique Ousmane Sonko inquiète le régime en place. Posez-vous la question pourquoi le gouvernement s’est offusqué de l’entretien exclusif de 12 mn qu’il a accordé à la chaîne internationale France 24 confondant ainsi média d’État et média de service public- qui n’est aux ordres de personne sinon que celui de son public-? L’entretien du leader du PASTEF-Les Patriotes avec le journaliste Marc Perelman de France 24 intitulé « Macky Sall a abdiqué face à la pression populaire », selon l’opposant Ousmane Sonko est le numéro 1 des tendances YouTube avec plus d’1 million de vues en moins de 24 heures. Inutile de dire qu’il explose les statistiques, fait de plus en plus courir des médias internationaux qui veulent décrocher des entrevues exclusives; celui qui était jadis présenté comme le candidat des réseaux sociaux est devenu incontestablement un sujet d’intérêt public mondial. Ce n’est plus la marée humaine qui prouve encore une fois sa popularité et la symbiose avec l’écrasante majorité de la population sénégalaise mais des côtes d’écoute des médias internationaux qui sont aussi des indicateurs révélateurs des réelles chances de celui qui sera candidat aux prochaines élections sénégalaises de février 2024, comme l’exigent la volonté populaire et la détermination de la jeunesse dont les moins de 25 ans représentent près de 75 %, selon les résultats provisoires du dernier recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-5).

Le titre de PressAfrik qui reprend les révélations exclusives du magazine panafricaniste Confidentiel Afrique en dit long « Présidentielle 2024: ces sondages commandités par deux compagnies pétrolières qui donnent Sonko vainqueur (Média) (23 juin 2023)  » : « L’un des deux sondages crédite dès le premier tour de 52,34% des voix l’opposant SONKO, alors que le second fait état d’un report massif de voix sur le leader du Pastef en cas de deuxième tour présidentiel. »

Le peuple sénégalais exige des élections transparentes, apaisées et inclusives. L’Union européenne comme tous les partenaires techniques et financiers du Sénégal demandent au gouvernement sénégalais de garantir un processus électoral transparent afin de sauvegarder le modèle démocratique sénégalais, la stabilité politique et l’environnement serein des investissements économiques. Un coup de force électorale ne devrait passer sous aucune forme.

Doudou Sow, sociologue-blogueur, citoyen socialement engagé et lauréats du Mois de l’histoire des Noirs 2017 et du Gala de la Nuit de l’Excellence afro-antillaise 2019

Par Doudou Sow le Mercredi 12 Juillet 2023 dans Blogue. Aucun commentaire