Le président sortant Macky Sall disait vouloir se consacrer à sa Fondation dédiée à la paix à la fin de son mandat le 2 avril 2024. Disons que le président-candidat du reniement éternel a différé son intention présumée puisqu’il vient de reporter unilatéralement et illégalement l’élection présidentielle, à 10 heures de la campagne électorale et à trois semaines du vote électoral. Pire encore, le putschiste Macky Sall a fait d’une pierre deux coups en reportant également son départ de la présidence sénégalaise.  En coupant pour une quatrième fois de suite le signal de Walfadjri et même officialisé le retrait définitif de la licence de la chaîne, le pouvoir cherche à créer une diversion. Le ministère de la communication ne veut pas que ce média dont la ligne éditoriale a toujours dérangé le régime, parle de la prolongation illégale du mandat du président pendant un an. Ce coup à la démocratie porte la signature indélébile des députés de la Coalition présidentielle et du parti démocratique sénégalais (PDS), dont la candidature de leur leader a été invalidée par le Conseil constitutionnel. Le motif de son invalidation est sa double nationalité au moment du dépôt de sa candidature, chose interdite par la Constitution qui exige aux candidats d’être exclusivement sénégalais pour participer au scrutin présidentiel. Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours.

Le tyran Sall qui communique plus souvent avec les Occidentaux que les Sénégalais a besoin d’une piqûre de rappel sur sa posture subite d’homme de paix et de dialogue, une forme de reconversion qu’il tentait de faire croire à ceux qui n’ont pas bien suivi ses faits et gestes posés depuis qu’il est dans le jeu politique. En réalité, Macky Sall est le plus grand ennemi de la République sénégalaise.

Lors de l’édition spéciale du démarrage conjoint de la campagne du 4 février de Walf TV, le très articulé journaliste Mame Birame Wathie faisait une remarque pertinente sur la gravité des faits : « Voilà un président qu’on dit élire démocratiquement et qui pose des gestes que même ceux qu’on considère des putschistes militaires ne font pas (Mali, Burkina, Niger, etc.). Macky Sall a trahi son serment qui était de sauvegarder les instituions. Il a fragilisé les instituions. Il a violé la Constitution. La déstabilisation des institutions a commencé lorsque Macky Sall a reçu les « recalés du Conseil constitutionnel ».

Le président Macky Sall est coutumier du forcing et ne connaît donc que le rapport de forces

En guise de rappel, le président sénégalais, alors qu’il était tout puissant premier ministre avait voté de force dans sa ville, sans présentation d’une pièce nationale d’identité (rapport Onel). Dans un article de Bacary Domingo MANE de Sud Quotidien intitulé Sénégal : Après la plainte déposée par l’Onel : Ce que risque le ministre Macky Sallil est clairement indiqué que :« L’Observatoire national des élections (Onel) a révélé hier mercredi 22 mai [2002], lors d’un point de presse tenu à la suite de son assemblée générale, qu’il a porté plainte depuis le 21 mai dernier contre Macky Sall, responsable du Parti démocratique sénégalais (Pds) à Fatick, par ailleurs ministre des Mines et de l’Hydraulique. »

Toujours selon cet article qui décrit la véritable nature de celui qui a dirigé de façon dictatoriale le Sénégal, il y était mentionné que « cette plainte est sur la table du procureur de Fatick, ville où se sont passés les faits. Il est reproché à Macky Sall d’avoir fait du » forcing » dans le bureau de vote n°4 du centre Thierno Mamadou Sall de Fatick, en votant, le 12 mai dernier, avec une carte d’électeur utilisée lors de la présidentielle 2000 et communément appelée » carte israélienne « Et cela malgré les injonctions du président du Bureau de vote. Dans le rapport du président de l’Observatoire régional des élections (Orel) de Fatick, il est clairement indiqué que Macky Sall, né le 11 janvier 1961, s’est » senti offusqué » lorsqu’on lui a dit qu’il ne pouvait voter avec la carte d’électeur utilisée lors de la dernière présidentielle ».

Le président Macky Sall est coutumier du forcing et ne connaît donc que le rapport de forces qui lui a permis jusqu’à maintenant de tout gagner contre l’opposition en emprisonnant certains leaders politiques, en ayant des taupes en son sein, posant un à un plusieurs actes de défiance, s’appuyant aussi sur une justice aux ordres.

Les Sénégalais ne sont pas amnésiques et se souviennent du langage guerrier du candidat Macky Sall à la Place de l’Obélisque, lorsqu’il était dans l’opposition. En 2011, le candidat Macky Sall menaçait son prédécesseur en ces termes : « Si Wade touche la constitution, on va le déloger du palais ».

Lui, le président Macky Sall, a fait pire en 12 ans en emprisonnant de manière arbitraire ses redoutables adversaires et leurs partisans, en s’adonnant à un tripatouillage constitutionnel et en ternissant l’image de la démocratie sénégalaise.

L’opposant d’alors faisait des appels répétés à la résistance lorsqu’il était dans l’opposition. « La confrontation avec le pouvoir est inévitable et l’armée devra prendre ses responsabilités aux côtés du peuple »., avait-il déclaré en tournée dans le département de Mbour, le 19 juin 2011. Le lendemain, le candidat de la coalition Macky 2012 pour la présidentielle du 26 février 2012 revient à la charge en disant ceci : « J’appelle tous les militants républicains et les Sénégalais soucieux de l’avenir de notre pays et de nos institutions de venir nous rejoindre dans la rue pour faire cesser le processus de monarchisation du Sénégal. Le combat contre le régime se fera dans la rue » (20 juin 2011).

Les Sénégalais, qui ont souffert en silence, ont été endurants dans les différentes épreuves, et pensaient avoir l’occasion le 25 février 2024 de lui démontrer leur insatisfaction par rapport à la façon dont il a géré d’une main de fer le pays, oubliant ainsi les raisons pour lesquelles plus de 65 % ont voté contre son prédécesseur au deuxième tour de la présidentielle de mars 2012 (une élection transparente).

Macky Sall est un président candidat en conflit ouvert et permanent avec son peuple. La rupture du dialogue politique sincère constitue une première dans l’histoire démocratique sénégalaise. Une crise de confiance entre le pouvoir et l’opposition est aggravée par les gestes antidémocratiques du président candidat Macky Sall. On a pu noter à plusieurs reprises un manque de concertation et de consensus sur des démarches, jadis, consensuelles entourant les questions électorales.

La démarche consensuelle sur les questions électorales était un acquis démocratique. Le pays de la Téranga (l’hospitalité) a toujours été considéré comme un pays de dialogue et de consensus, une tradition démocratique que le président Macky Sall ne veut, hélas, pas respecter.

Un président qui n’a daigné présenter ses condoléances aux jeunes tués en mer, ou fait de deuil national, alors qu’il présente instinctivement des condoléances à d’autres pays à chaque fois qu’un malheur arrive. Il a fait perdre aux jeunes sénégalais tout espoir. Il y a eu également aucune enquête sur la mort des jeunes assassinés lors des événements tragiques de mars 2021 et juin 2023 pour réclamer leurs droits de manifester. À l’épreuve des faits, Macky Sall a démontré qu’il n’a jamais été un homme de paix ou de dialogue.

Celui qui doit être le premier Sénégalais à vouloir la paix dans le pays n’a jamais posé des actes dans ce sens ou permettant de donner un signal fort de dialogue constructif et sincère.

Les condamnations de ces principaux adversaires dont le chef de l’opposition Ousmane Sonko constituent une preuve flagrante de la conséquence d’un système dictatorial. Des milliers de Sénégalais ont pris le chemin de l’exil forcé.

La communication de Macky, dictée par des spin docteurs (façonneur d’image) a toujours été davantage axée vers l’international pour faire plaisir ou tromper les Occidentaux. Le président Macky Sall n’a jamais pardonné au peuple sénégalais de l’avoir contraint à renoncer à son troisième mandat anticonstitutionnel. Le premier président de l’histoire du Sénégal indépendant à reporter illégalement une élection présidentielle ne veut décidément pas laisser son pays en paix.

Le président Macky Sall a trahi tous les espoirs du peuple sénégalais. Le Sénégal vit dans un régime dictatorial et policier sous le règne du président Macky Sall. Depuis 12 ans qu’il est à l’exercice du pouvoir, le président Macky Sall ne cesse de terroriser le peuple sénégalais qui lui a pourtant tout donné.

Un dirigeant ne méprise pas son peuple, le seul souverain. Gouverner contre la volonté du peuple est contreproductif à plus d’un titre.

L’opposant Macky Sall devenu président qui veut « réduire l’opposition à sa simple expression » n’a jamais manqué une occasion d’humilier les principaux leaders de l’opposition. Le peuple sénégalais se bat pour retrouver sa souveraineté confisquée par le président.

Les actes posés par le président-candidat Macky Sall ne respectent pas les principes de démocratie. Devant le chaos actuel institué par le président Macky Sall lui-même, force est de reconnaître que la libération du Sénégal n’est plus une question ou l’affaire de partis ou de candidats mais une responsabilité collective des citoyens, toutes tendances et obédiences confondues, de sauver ce qui reste du pays. C’est le combat des Sénégalais et leur droit constitutionnel de résister face à l’arbitraire et au hold-up électoral. Bref, la seule noble mission qui reste au président Macky Sall était d’organiser des élections libres, transparentes et inclusives du 25 février 2024. Et il vient d’échouer lamentablement.

Le dernier mot revient donc à la population sénégalaise, qui est le seul arbitre du jeu démocratique. Point à la ligne!

Doudou Sow, sociologue, auteur et lauréat du Mois de l’histoire des Noirs

Par Doudou Sow le Mardi 06 Février 2024 dans Blogue. Aucun commentaire