Le Sénégal vient de vivre une troisième alternance démocratique historique malgré certaines turbulences notées à l’issue d’un scrutin reporté in extremis et unilatéralement par l’ancien président Macky Sall. La tenue du scrutin crucial avec un décalage d’un mois s’est finalement bien déroulée dans l’ensemble. L’élection éclatante du nouveau jeune président Bassirou Diomaye Faye avec 54, 28 % dès le premier tour suscite un espoir immense au Sénégal, en Afrique et auprès des communautés noires à travers la diaspora.

En effet, le vainqueur de la présidentielle Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko qui ne sont pas des politiciens traditionnels se différencient d’une classe politique jugée corrompue par plusieurs Sénégalais. Personne ne peut briser le tandem Diomaye-Sonko qui est une chance pour le Sénégal et l’Afrique. « Ousmane SONKO est le symbole du réveil et de l’envol du Phoenix africain. Bassirou Diomaye Diakhar FAYE est le symbole de la loyauté et de la droiture. Une démonstration symbolique et idéologique autour d’un pragmatisme visionnaire. Deux hommes, un même visage, un même projet (…). L’arbre de la liberté doit être nourri par les patriotes » faisait valoir Mouhamadou Ngouda Mboup dans sa publication Facebook du 16 mars en période de campagne électorale. Cette assertion est toujours d’actualité dans un contexte de gouvernance collégiale, « de proximité, de rupture, de rassemblement, de résultats et d’actions » comme le mentionnait le nouveau premier ministre Ousmane Sonko lors de l’annonce du tout premier gouvernement de l’ère Bassirou Diomaye Faye, vendredi dernier.

Le peuple sénégalais s’est exprimé dans le calme et la sérénité avec un taux de participation très élevé dans une campagne électorale express. La communauté internationale a aussi salué le bon déroulement du scrutin présidentiel. Le contexte géopolitique sénégalais fait de telle sorte qu’on ne l’abandonne à son sort.

La victoire du peuple sénégalais sera inscrite dans les annales de l’histoire du monde entier

Le peuple s’est tenu debout à chaque fois que l’ancien président Macky Sall a voulu reporter l’élection présidentielle. Ce vaillant peuple sénégalais a une foi inébranlable à la démocratie et ce faisant au maintien des acquis démocratiques grâce aux sacrifices de plusieurs générations et des martyrs de la démocratie. Le mérite de l’exception sénégalaise revient donc au peuple sénégalais, aux universitaires, syndicalistes et artistes engagés, à tous les segments de la société civile, à cette majorité silencieuse qui n’attendait que le moment pour exprimer son mécontentement dans les urnes, mais aussi et surtout à sa jeunesse déterminée à prendre son destin en main.

Le Sénégal a toujours été un pays de dialogue et comme dans toutes les nations du monde les tensions préélectorales existent mais sont vite dépassées parce que des règles démocratiques étaient déjà claires et égales pour tous les acteurs politiques. Comme le Québec ou même le Canada, le Sénégal est un pays « de consensus et de compromis ». Les différends ne se règlent pas seulement sous l’arbre à palabres ou dans l’oralité. Les modes de règlements des conflits ou malentendus sont ancrés dans nos institutions républicaines. Le premier président Léopold Sédar Senghor est considéré comme bâtisseur des institutions, le second président Abdou Diouf comme celui qui a  renforcé les institutions et le code électoral consensuel de 1992, le troisième président Abdoulaye Wade, un symbole de la démocratie et de la liberté de manifestation. La sombre tâche dans notre démocratie a pour nom Macky Sall, mais les dérives de son régime peuvent servir de leçon pour les générations actuelles et futures lorsque l’on se rappellera les choses dont il ne faut pas faire pour consolider les acquis démocratiques dans toute l’histoire d’une nation. 

Ce petit pays avec un grand peuple qui est aimé dans le monde reprendra son rôle de leader sur plusieurs enjeux régionaux : bonne gouvernance, liberté de la presse et respect des libertés individuelles, liberté de manifestation, leadership d’un souverainisme assumé, un plaidoyer pour une véritable Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) des peuples, etc.

Au niveau national, le « gouvernement Sonko 1 » restreint de 25 ministres et de 5 secrétaires d’État imprimera sa marque sur des questions de bonne gouvernance et de lutte acharnée contre la corruption. Un audit dans tous les secteurs permettra de mieux planifier et situer les responsabilités. Ce gouvernement comprend mieux que tous gouvernements confondus la nécessité pour le Sénégal de renégocier les contrats léonins défavorables au peuple sénégalais, l’importance du partenariat gagnant-gagnant dans les nouvelles relations. La renégociation des contrats sur l’exploitation des ressources naturelles est un impératif pour la souveraineté économique du Sénégal. En ce qui concerne les partenaires extérieurs, le duo de choc Diomaye-Sonko prône ou plaide « l’ouverture du Sénégal à des échanges respectueux de notre souveraineté, conformes aux aspirations de notre peuple, dans un partenariat mutuellement gagnant ».

Le président Bassirou Diomaye Faye a également martelé « la nécessité de réformes institutionnelles pour garantir un équilibre des pouvoirs et restaurer la confiance dans le système judiciaire. » En plus de combattre la corruption, un fléau qui gangrène la société, l’intègre et ancien inspecteur des impôts et domaines Bassirou Diomaye Faye a promis au peuple sénégalais de mieux répartir les richesses et s’est engagé formellement à renégocier les contrats miniers, gaziers et pétroliers conclus de manière défavorable avec des compagnies étrangères.

Le Sénégal a besoin de concilier intelligemment l’exigence de justice à l’esprit de réconciliation nationale en vue de créer un climat de stabilité sociale permettant de créer les conditions réelles d’une économie inclusive qui profitera surtout aux démunis, aux jeunes et aux femmes longtemps laissés en rade par des politiques publiques. L’amélioration d’un environnement des affaires prévisible et bénéfique à tous permettra aussi d’attirer des investisseurs dans l’optique d’une nouvelle dynamique de souveraineté avec en toile de fond un partenariat gagnant-gagnant qui prend comme boussole les intérêts premiers des Sénégalais. Tous les pays qui se sont développés ont fonctionné ainsi.

La déclaration de patrimoine du président Bassirou Diomaye Faye est une inspiration pour la transparence des dirigeants africains qui aspirent à exercer des fonctions. Le peuple sénégalais a ainsi fait le choix de la rupture et de la vision      d’un panafricanisme de gauche incarnés par le nouveau gouvernement patriotique et souverainiste. La maturité du peuple sénégalais et de sa démocratie continuera à inspirer le continent africain.

Le Sénégal confirme qu’il sera toujours  l’exception à la règle en Afrique et qu’il se relèvera toujours des périodes sombres

« Présidentielle au Sénégal L’élection de Diomaye Faye rassure les partenaires étrangers », titraient plusieurs médias internationaux après sa première déclaration devant la presse nationale et internationale. Les Africains ont accueilli avec beaucoup d’espoir et d’optimisme l’élection du parti panafricaniste PASTEF-Les Patriotes qui proposait un programme qui répond aux besoins et aspirations des jeunes sénégalais et africains.

La réconciliation nationale ne veut pas dire faire table rase du passé qui serait synonyme d’impunité. Vérité, Justice, Réconciliation sont les maîtres mots qui doivent guider tout gouvernement qui se proclame de rupture. On ne saurait oublier les martyrs de la démocratie, ces plus de 82 jeunes assassinés froidement et à qui le peuple doit aujourd’hui aussi cette victoire pour seulement avoir voulu exercer leur  droit constitutionnel de manifester. Les sacrifices des différentes générations pour préserver les différents acquis ne sauraient rester vains. Ce n’est pas une chasse aux sorcières mais un devoir de vérité d’abord qui finira par la suite par une justice et une réconciliation nationale. Il faudra laisser la justice indépendante faire son travail en n’y interférant pas comme ce qu’on a connu sous l’ère de Macky Sall. Il y a eu trop de morts et de détournements de deniers publics, trop d’impunité. Une justice réparatrice servira de pédagogie pour les prochains gouvernements.

La paix est la principale ressource du Sénégal. Il est temps de redonner espoir à ce peuple et tourner définitivement la sombre page de privation de libertés, d’écoutes téléphoniques illégales, d’intimidation et de musellement. Un Sénégal pour tous, pas pour un clan, une famille, un parti, telle doit être l’action concrète qui devra guider le gouvernement.

Les résultats de cette élection claire et nette porteront leurs fruits comme le prouve le rayonnement du leadership du tandem Diomaye-Sonko au niveau africain.

Les premiers actes posés par ce gouvernement sont rassurants à bien des égards

Le gouvernement du balai compte balayer la corruption à travers des mesures annoncées pour les lanceurs d’alerte, la réforme des institutions, l’amnistie des prête-noms, etc. Le panafricanisme a de beaux chemins devant lui. L’endogénéisation de l’économie est un outil pour retrouver la souveraineté économique et alimentaire. Le premier ministre qui entend conduire la politique de la nation mise sur des personnes compétentes, le culte du mérite tout en renouant avec la cohésion nationale, la tradition de la paix et de la démocratie.

Les initiatives citoyennes en mode solutions ont commencé à montrer la voie pour redresser le Sénégal, une mission collective. En plus du lancement des opérations de nettoyage des rues (Set-Setal) au lendemain de la victoire, d’autres initiatives citoyennes sont relayées sur les réseaux sociaux comme ce post d’EX Outhmane sur sa page Facebook « Tour du Sénégal avec le groupe Luttons contre l’indiscipline au Sénégal. Le but est de rencontrer les habitants de chaque région afin de les motiver à rejoindre le challenge de nettoyage et de reboisement qui se déroule actuellement à Dakar. Nous profiterons du voyage pour prendre photos, vidéos pour cibler les zones à refaire au Sénégal ». Ces gestes de civisme et de patriotisme fort appréciés par la population accompagnent le nouveau gouvernement dans la réussite de leurs nobles missions pour un Sénégal juste, équitable et prospère.

Le président de tous les Sénégalais ainsi que son premier ministre ont posé des gestes rassurants reflétant les espoirs du peuple sénégalais. Le gouvernement qui a fait preuve de sobriété à ses débuts va rationaliser les dépenses de l’État, éviter les dédoublements de services, supprimer le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), des agences publiques pour éviter les dédoublements de services. Comme promis, le tandem a mis sur pied un gouvernement souverainiste « composé d’hommes et de femmes de valeur et de vertu. De Sénégalaises et Sénégalais de l’intérieur et de la diaspora connus pour leur compétence, leur intégrité et leur patriotisme ».

La diaspora sénégalaise défend un seul parti, le Sénégal. La consolidation d’un seul parti politique, le Sénégal, est la boussole de plusieurs citoyens engagés pour la restauration de la dignité humaine, la sauvegarde de la démocratie et l’instauration d’un État de droit.

Le Sénégal rentre dans une nouvelle ère, une nouvelle tendance, une nouvelle génération pas seulement d’âge mais d’idées comme le martelait l’actuel plus jeune président, jamais élu auparavant, en campagne électorale. L’heure du vrai changement a sonné, une vraie indépendance, signe de souveraineté retrouvée.

Doudou Sow, sociologue, auteur et lauréat du Mois de l’histoire des Noirs

Par Doudou Sow le Mardi 09 Avril 2024 dans Blogue. Aucun commentaire