Pour un deuxième week-end consécutif, les Sénégalais résidant au Canada sont sortis en grand nombre à Montréal et dans d’autres villes (Sherbrooke, Edmonton, Ottawa, Québec) pour dénoncer les dérives dictatoriales de Macky Sall.

Le Sénégal qui est à la croisée des chemins compte ses morts et le bilan ne cesse de s’alourdir. Face à une répression meurtrière sans précédent, Amnesty International a demandé aux autorités sénégalaises « d’enquêter immédiatement de façon indépendante et transparente sur la mort d’au moins vingt-trois personnes, dont 3 enfants, lors des manifestations violentes du 1er et 2 juin 2023 et faire la lumière sur la présence de personnes en civil armées opérant aux côtés des forces de sécurité ». Des enfants ont été utilisés comme des boucliers humains par les forces de défense et de sécurité (FDS) lors des affrontements. L’UNICEF et plusieurs organisations de protection de l’enfance demandent à l’État du Sénégal de « mener une enquête pour situer les responsabilités. »

Le président le plus impopulaire de l’histoire politique du Sénégal ne se limite plus à museler l’opposition et les mouvements citoyens, mais cible de plus en plus les journalistes indépendants critiques de la dictature de Macky Sall. Son gouvernement a coupé des signaux de télévisions et de radios dont la dernière en date est celle de Walfadjri, «la voix des sans voix ». Après avoir coupé depuis plus une semaine sans notification le signal du groupe Walfadjri, le ministre des télécommunications et de l’économie numérique a fini par informer le 9 juin audit groupe la suspension pour 30 jours à partir du jeudi 1er juin 2023. Cette mesure arbitraire cause ainsi un chômage technique pour certains employés et des licenciements collectifs pour d’autres dans un contexte de veille de préparation d’une des fêtes religieuses les plus importantes au Sénégal, la Tabaski. Le Sénégal était 49e au classement mondial de la liberté de la presse en 2021 établi par l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF). En 2022, il occupe le 73e rang sur un total de 180 pays, soit un recul de 24 points. Les journalistes critiques du pouvoir sont arrêtés, avec une volonté manifeste de les museler et de les humilier. Ce n’est que dans les pays où règne la dictature que l’on voit des autorités suspendre l’accès à internet via les données mobiles (entre le 4 et 6juin), l’accès aux réseaux sociaux (entre le 2 et le 7 juin).

L’instrumentalisation de la justice à des fins politiques favorables au pouvoir est une réalité encore aggravée sous le régime de Macky Sall. Le modus operandi de Macky Sall pour liquider ses principaux adversaires politiques pousse le chef de l’opposition, Ousmane Sonko, leader du PASTEF Les Patriotes à résister pour sa survie politique et judiciaire. Après avoir liquidé les opposants Karim Wade, Khalifa Sall pour les empêcher de se présenter aux élections présidentielles de 2019, le dictateur Macky Sall est « tombé sur un os » pour reprendre les termes du célèbre avocat français, Me Juan Branco. Ousmane Sonko est le seul prétendant du fauteuil présidentiel à avoir échappé, grâce à la détermination des jeunes et du peuple sénégalais, à l’emprisonnement politique du régime de Macky Sall.

Le principal opposant sénégalais Ousmane Sonko a été séquestré avec sa famille depuis plus de 10 jours, sans accès à ses amis, avocats et partisans, sans aucune base légale, comme le dénoncent son avocat Me Me Ciré Clédor Ly et le Collectif des avocats. Me Ciré Cledor Ly affirme avoir été interdit de voir son client à 9 reprises à la résidence Cité Keur Gorgui à Dakar par des forces de sécurité qui empêchent quiconque d’approcher son client. Le blocus mis en place par les forces aux ordres de Macky Sall doit être levé dans les plus brefs délais.

La diaspora sénégalaise défend un seul parti, le Sénégal, pour garantir le respect des libertés individuelles et l’instauration d’un État de droit. Pour désamorcer la crise sans précédent que traverse actuellement le Sénégal, il suffit que le président Macky Sall dise à la population qu’il respectera la constitution en ne se présentant pas pour un troisième mandat. Le Sénégal n’appartient pas au président Macky Sall, encore moins à son clan, mais au peuple souverain sénégalais qui doit décider librement et démocratiquement de celui ou de celle qui sera à la tête du pays.

Le pays de la Téranga (l’hospitalité) doit absolument préserver ses acquis démocratiques et l’instauration d’un État de droit afin de conserver durablement sa vitrine de la démocratie africaine.

Force restera au peuple sénégalais et à cette jeunesse déterminée à prendre son destin en main. FreeSenegal.

Doudou Sow, sociologue-blogueur, citoyen socialement engagé et lauréats du Mois de l’histoire des Noirs 2017 et du Gala de la Nuit de l’Excellence afro-antillaise 2019

Par Doudou Sow le Dimanche 11 Juin 2023 dans Blogue. Aucun commentaire