Première date de parution : 8 janvier 2009
Le Québec régional offre aux immigrants des avantages que la Métropole ne peut leur offrir : une belle qualité de vie, des logements abordables, le calme et la sécurité, l’absence de ghettoïsation.
Le Rouynorandais d’origine sénégalaise, Ismaïla Diouf, dans une entrevue qu’il accordait au Journal la Frontière de Rouyn-Noranda, vantait chaudement les avantages de sa région d’adoption : « Je préfère grandement l’Abitibi à la région montréalaise. Les gens sont moins stressés, plus détendus. Ça ressemble davantage à mon pays d’origine, le Sénégal. Je crois que j’ai rajeuni de 10 ans depuis que je suis à Rouyn. » Celui qui a quitté Montréal depuis trois ans pour un poste de technicien en environnement au Ministère du Développement durable, Environnement et Parcs, apprécie la nature et les grands espaces des régions.
La concurrence sur le marché du travail, à Montréal, est souvent très rude. L’employeur dispose en effet d’un bassin de recrutement très large pour sélectionner des candidats en fonction des seuls critères exigés par le poste ; les attentes personnelles du nouvel arrivant sont, à toutes fins pratiques, ignorées le plus souvent. Au contraire, compte tenu de la forte pénurie de main-d’œuvre en région, la personne immigrante compétente augmente sensiblement ses possibilités d’embauche. Par contre, la personne immigrante devra démontrer qu’elle est intéressée non seulement par le poste mais aussi par la région.
En accordant des subventions aux organismes en régionalisation basés à Montréal, le Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles permet à ceux-ci de faciliter l’établissement des personnes immigrantes en région par des remboursements partiels de leurs déplacements lors des entrevues, des visites exploratoires en collaboration avec un partenaire régional, des rencontres d’information avec un employeur et déménagement en région.
Des organismes établis en région, qui favorisent l’intégration harmonieuse des immigrants au marché de l’emploi régional, viennent régulièrement à Montréal, à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), pour donner des sessions sur l’emploi et le cadre de vie en région. Cependant, des sessions d’information thématiques en collaboration avec les partenaires régionaux et les entreprises constituent une voie à privilégier pour attirer davantage d’immigrants en région.
Ces sessions concertées et ciblées par secteur d’activité en forte demande augmenteront, d’une part, la visibilité du programme de régionalisation en termes de sensibilisation et d’attraction du milieu. D’autre part, elles confirmeront, auprès des personnes immigrantes, l’esprit d’ouverture des employeurs en région.
Cette approche innovatrice est très efficace. Pour preuve, cet exemple récent : l’organisme PROMIS ainsi que le Collectif des femmes immigrantes du Québec (CFIQ) avaient collaboré avec Immigration Sud du Ministère de l’immigration et des communautés culturelles et le Service d’orientation et d’intégration des immigrants au travail (SOIIT) de la Capitale Nationale à l’organisation d’une session spéciale en Technologies de l’information à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Montréal, le 19 février 2008.
Sur place, des entrevues d’embauche avec des entreprises reconnues en informatique (CGI, Momentum Technologies, DMR, et LGS) de la ville de Québec avaient attiré de nombreux candidats à la régionalisation. Plus de 30 postes étaient à combler rapidement pour ces quatre entreprises de service-conseils en informatique.
Les candidats avaient été préalablement sélectionnés par PROMIS, le SOIIT, le CFIQ et les entreprises. Immigration Sud avait également joué un rôle très important, entre autres, par la référence de personnes immigrantes dans le domaine informatique. L’événement fut un succès grâce à la collaboration fructueuse de tous les partenaires. Trente-six informaticiens et informaticiennes ont obtenu un emploi de qualité (salaires variant entre 45 000$ et 78 000$), suite à la session spéciale en Technologies de l’information (TI) et sont depuis établis durablement dans la Capitale-Nationale.
S’il est vrai que le phénomène de la métropolisation de l’immigration ou de la concentration urbaine existe dans tous les pays d’immigration, le Québec ne se résume plus à Montréal. D’importants acteurs socio-économiques et des réseaux tels que la Conférence régionale des élus (CRE), les Municipalités régionales de comté (MRC), Solidarité rurale ou la Fédération québécoise des municipalités se mobilisent pour assurer le développement et la vitalité économique des régions.
La migration secondaire qui est une des solutions à la pénurie de main-d’œuvre, contribue au maintien de la croissance économique du Québec.
Avec l’objectif du gouvernement d’accueillir 55 000 nouveaux arrivants en 2010 pour élargir le bassin de main-d’œuvre des entreprises, il apparaît de plus en plus nécessaire de répartir équitablement les immigrants sur l’ensemble du territoire. Cela se fera plus sûrement en développant une politique attractive des régions, une sensibilisation accrue auprès des employeurs et une démarche concertée de tous les partenaires. Cela traduira véritablement une volonté d’occupation dynamique du territoire national.
Par Doudou Sow le Dimanche 15 Octobre 2017 dans IMMIGRATION EN RÉGION. Aucun commentaire