Avec une déclaration pareille, on comprend pourquoi le plus farouche opposant au président Macky Sall et candidat à l’élection présidentielle sénégalaise de 2024, Ousmane Sonko soit actuellement détenu arbitrairement en prison.  Le gouvernement sénégalais a montré une indifférence totale sur la situation sanitaire du principal opposant Ousmane Sonko, en grève de la faim depuis plus de 30 jours et de son hospitalisation en réanimation à l’Hôpital Principal de Dakar. Malgré plusieurs alertes sur son état de santé grave par ses avocats et des acteurs médicaux, le gouvernement reste sourd aux appels et veut coûte que coûte liquider un adversaire politique crédité gagnant par les sondages et la réalité du terrain lors de la présidentielle de février 2024.

Le ministre sénégalais de la Justice Ismaïla Madior Fall qui affirmait le 30 août dernier au Journal Afrique qu’: « Il n’y a pas de prisonniers politiques au Sénégal » est celui qui subitement poussait le président Macky Sall à briguer un troisième mandat anticonstitutionnel. Celui qui estimait en 2019 que « nul n’a le droit de faire deux mandats consécutifs » et « qu’il n’y a pas matière à interprétation », était revenu sur ses propos et nourrit une haine contre le candidat Ousmane Sonko.  C’est aussi celui qui défend mordicus l’inéligibilité de la candidature d’Ousmane Sonko aux prochaines élections. Au Sénégal, il y a une instrumentalisation de la justice à des fins politiques favorables au pouvoir pour éliminer les principaux adversaires.

Le président Macky Sall qui jurait « réduire l’opposition à sa simple expression » n’a jamais manqué une occasion d’humilier les principaux leaders de l’opposition. Le principal opposant sénégalais Ousmane Sonko avait lui-même dit dans ses différentes interventions que le président dictateur Macky Sall ne pourra plus continuer à se cacher derrière les forces de défense et de sécurité (FDS), d’une justice partisane et d’une administration politisée mais il arrivera à un moment où « Macky Sall devra se salir les mains pour le liquider politiquement ». On peut dire qu’avec l’épreuve de son emprisonnement arbitraire, Macky Sall vient de le prouver.

Au Sénégal, la justice est instrumentalisée par le président Macky Sall. Pour celles et ceux qui doutent encore de l’immixtion du pouvoir exécutif dans l’administration de la justice, rappelez-vous certains faits : L’entrevue sur France 24 (5.28 à 12.15) du président Macky Sall du 12 novembre 2018 est un aveu de taille sur ses règlements de compte politique avec ses deux farouches adversaires de l’époque (les deux K, Karim Wade et Khalifa Sall).

Des emprisonnements des principaux leaders de l’opposition pour régler des comptes personnels politiques.

L’instrumentalisation de la justice à des fins politiques favorables au pouvoir est une réalité encore aggravée sous le régime de Macky Sall. La Ligue Sénégalaise des Droits Humains (LSDH), la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO), l’Association des chroniqueurs judiciaires et Amnesty International, de la section Sénégalaise avaient même mis en place une Plateforme des Acteurs de la Société Civile pour l’Indépendance de la Justice (PASCIJ).

Le malaise dans le système juridictionnel est même reconnu plusieurs fois par l’ancien président de l’Union des magistrats du Québec (UMS), Souleymane Téliko qui affirmait que « l’indépendance de la justice n’est pas une réalité » au Sénégal et dénonçait « une pression exercée sur les magistrats ».

Une justice inféodée au pouvoir de Macky Sall même s’il existe toujours en son sein des juges et magistrats indépendants (le cas du juge Ibrahima Dème qui a « démissionné d’une magistrature qui a démissionné »). C’est le président Macky Sall lui-même qui avouait, en août 2014, dans une entrevue à Jeune Afrique « avoir mis sous le coude des dossiers de justice » au sujet du dossier de la traque des biens mal acquis. « Il n’y a pas d’acharnement, sur qui que ce soit. Vous seriez surpris par le nombre de dossiers auxquels je n’ai pas donné suite. », déclarait le « maître des poursuites » comme le soulignait le journaliste Momar Dieng.

Dans une émission du SEN SHOW du mercredi 15 MARS 2023., l’ancien procureur Alioune Ndao révélait ceci : « Macky m’a Demandé de ne pas Poursuivre Abdoulaye Baldè», son nouvel allié.. Les exemples de l’immixtion de l’exécutif dans les dossiers judiciaires sont nombreux sans oublier le fait qu’il appuie les demandes de liberté provisoire introduites par certains avocats ( cf rencontre avec les rappeurs en décembre 2022).. Le président Macky Sall emprisonne et fait emprisonner et lorsque le peuple lui demande de libérer tel ou tel détenu, il dit qu’il y a une séparation de pouvoirs comme le rappelait clairement le candidat Ousmane Sonko dans une vidéo ci-jointe.

Le bilan du président Macky Sall se réduit comme l’énumérait très bien l’avocat franco-espagnol Juan Branco : « – Entre 1600 à 1800 prisonniers politiques sont détenus arbitrairement dans les 37 prisons du territoire.; – Ousmane Sonko, principal opposant détenu est en grève de la faim depuis (+26 jours) – Dissolution du principal parti d’opposition, le PASTEF, – Interdiction de toute manifestation. – Soixante manifestants tués par balle réelle depuis mars 2021; – Des milliers de civils blessés. – 3.000 prisonniers entassés au cœur de Dakar, à Rebeuss, dans des écuries à peine aménagées, à 200 par chambre- Des corps torturés. – Des centaines d’exilés politiques ».

La démocratie sénégalaise est acquise au prix d’énormes sacrifices et le peuple sénégalais n’acceptera jamais une démocratie à rabais ou de façade. Pour la sauvegarde de la démocratie et un legs aux générations futures sénégalaises et africaines, la diaspora sénégalaise restera toujours une sentinelle constructive. Une mobilisation citoyenne et une intervention de la communauté internationale peuvent faire reculer, avant qu’il ne soit trop tard, le président le plus impopulaire de l’histoire du Sénégal.

Il demeure urgent de libérer le chef de l’opposition sénégalaise Ousmane SONKO emprisonné arbitrairement par une justice inféodée au pouvoir exécutif.  Le candidat déclaré à la présidentielle de février 2024 est le symbole de la résistance contre l’injustice et la dictature du régime de Macky. Celles et ceux qui pensent qu’Ousmane Sonko est victime d’une injustice peuvent mener différentes formes de lutte. La pétition initiée par le journaliste d’investigation Pape Alé Niang engagé dans des combats de principe, de maintien des acquis démocratiques et de bonne gouvernance est une forme de lutte pouvant donner des résultats concrets à l’international. Chaque geste compte.

D’ailleurs dans le contexte de l’internationalisation du combat contre la dictature et la privation des libertés, la diaspora sénégalaise au Canada invite les Sénégalais, les Africains, les Québécois, les Canadiens et tous citoyens épris de justice à venir massivement à la grande manifestation à Montréal à 15h à la Place Émilie Gamelin (Métro Berri-UQAM).

Défendre la démocratie et l’instauration d’un État de droit n’est pas seulement une affaire du principal opposant Ousmane Sonko mais de tout le peuple sénégalais. La situation politique grave que traverse actuellement le Sénégal doit interpeller tout le monde. Le Sénégal n’appartient pas à Macky Sall, ni à son clan.

Par Doudou Sow le Vendredi 01 Septembre 2023 dans Blogue. Aucun commentaire