Publication : 6 mars 2014
Si le programme d’immigration des investisseurs n’a pas les vertus économiques qu’on lui prête, pourquoi le gouvernement péquiste actuel déciderait il alors- de le conserver après la suppression dudit programme par Ottawa?
Le programme Immigrants investisseurs attire beaucoup d’investisseurs qui contribuent au développement de l’économie québécoise par la création d’emplois. Des entreprises québécoises bénéficient d’un montant d’argent grâce à ce programme. Même si le taux de présence des investisseurs immigrants reste faible (50 % d’immigrants investisseurs quittent le Québec après cinq ans), il n’en demeure pas moins que les emplois créés par l’intermédiaire du programme Investisseurs immigrants demeurent viables. Si l’on en croit le journal National Post, plus de 90 % des immigrants investisseurs quittent le Québec pour d’autres provinces canadiennes : « Using statistics from the Quebec government, Citizenship & Immigration Canada estimates more than 90 % of those accepted by Quebec’s program end up living in other provinces. Most go directly to Greater Vancouver ».
En commission parlementaire sur l’étude des crédits budgétaires 2010-2011 du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, l’ancien député libéral de Lévis , Gilles Lehouillier, est d’avis que l’immigration est une valeur ajoutée et martèle cette vérité :
« […] qu’on arrête de charrier au niveau de l’immigration, parce que, nous, [le Parti libéral provincial] on est conscients que l’immigration, c’est une force économique exceptionnelle pour le Québec. Alors, qu’en est-il des immigrants investisseurs? 3,4 milliards sont entrés au Québec depuis 2000 grâce aux immigrants, 350 millions investis dans des entreprises québécoises, 4 200 emplois créés dans les régions du Québec, 1 000 stages financés par des immigrants en entreprise . »
En parlant de l’origine du programme d’immigrants investisseurs, l’économiste Pierre Fortin rappelait en commission parlementaire en 2007 et 2011 que « c’est une idée qui a été développée par le ministre Gérald Godin, quand il était ministre de l’Immigration, au début des années quatre-vingt, et qui a été portée à terme éventuellement par son successeur, la ministre Louise Robic ».
M. Lehouillier résumait très bien le rapport des économistes en mettant l’accent sur les qualités du programme à partir de données factuelles mentionnées dans leur rapport : « de 2001 à 2011, Investissement Québec estime que la valeur des contributions financières a atteint 500 millions de dollars, ce qui a profité à 3 126 entreprises québécoises… ».
L’ancien député de Lévis rajoute les atouts ou dix qualités du programme en se basant toujours sur le mémoire des économistes : « […] les conditions sociales et économiques, stabilité de l’environnement macroéconomique, solidité du système financier, infrastructures d’éducation, de santé, d’énergie et de transport bien établies, main-d’oeuvre hautement qualifiée, excellente qualité de vie et environnement d’affaires flexible ».
Le document sur La planification de l’immigration au Québec pour la période 2012-2015 livre une explication très claire du montant qui a doublé, passant de 400 000 $ à 800 000 $ :
« Chacun des immigrants investisseurs doit, dès l’étape de la sélection, faire un placement sans intérêt de 800 000 $ pendant cinq ans. Les intérêts générés par ce placement servent, pour une bonne part, à subventionner des petites et moyennes entreprises québécoises. Une partie des revenus de placement sert également à financer le Programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi [PRIIME]. »
Trois économistes canadiens, Roger Ware, professeur d’économie à l’Université Queen’s, Pierre Fortin, professeur émérite d’économie à l’Université du Québec à Montréal, et Pierre Emmanuel Paradis, économiste principal à la firme Groupe d’analyse, recommandent fortement le maintien et l’élargissement de ce programme créé en 1986 par le gouvernement provincial, comme exprimé dans le communiqué de presse « Contribution annuelle de 2 milliards $ à l’économie canadienne : Le gouvernement du Canada doit accueillir davantage d’immigrants investisseurs, conclut une étude » :
« Depuis ses débuts, plus de 130 000 personnes ont immigré au Canada grâce au Programme Immigrants Investisseurs. De ce nombre, 34 400 étaient des demandeurs principaux et le reste était des membres de leur famille. Les trois principales conditions pour bénéficier du programme sont : posséder un avoir net tous pays confondus d’au moins 800 000 $, engager un investissement de 400 000 $ sans intérêt pendant cinq ans et démontrer de l’expérience adéquate dans le milieu des affaires et en gestion . »
Ces règles sont mises en place par le gouvernement fédéral. D’après les statistiques, 60 pour cent des immigrants investisseurs au Canada choisissent le Québec. Cet argent ne sort pas des revenus des contribuables québécois contrairement au nouveau programme immigrants entrepreneurs (voir pages suivantes).
Le programme Immigrants investisseurs a un apport certain au sein des entreprises québécoises. La pertinence et l’impact économique de ce programme au développement social et économique sont mis de l’avant par l’économiste Pierre Fortin en plus de la création d’emplois (6 000 à temps plein de 2001 à 2008) : « Une étude cosignée par l’économiste Pierre Fortin avance que les entreprises québécoises ont reçu une contribution de 379 millions $ de 2001 à 2008, ce qui a permis de créer plus de 6 000 emplois à temps plein. Le gouvernement du Québec aurait recueilli 154 millions $ de revenus pendant la même période ».
Une allocution de madame Yolande James, ancienne ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, dans le cadre de la consultation publique sur la planification des niveaux d’immigration pour la période 2008-2010, à la clôture des travaux de la Commission de la culture de l’Assemblée nationale, à Québec, le 11 octobre 2007, rappelait l’apport de la création d’emplois, notamment en région :
« L’économiste Pierre Fortin estime même que chaque dollar investi dans les programmes d’investisseurs en rapporte 25 au Québec. Grâce à ces programmes, entre 2000 et 2006, les entreprises québécoises ont pu bénéficier de 259 millions $ d’investissements et créer près de 4 500 emplois, principalement dans les régions du Québec ».
Monsieur Fortin défend le bien-fondé du programme Immigrants investisseurs :
« […] le Canada dans son ensemble cherche à avoir des immigrants avec, autant que possible, certaines caractéristiques, et, pour ça, il accorde des points… Et l’une des caractéristiques qui intéresse Immigration Québec et Immigration Canada, c’est l’entrepreneuriat, la qualité d’entrepreneurs de ces gens-là. […] On accorde des points pour cette qualité-là. Et la manière de bien vérifier si ces gens-là sont de vrais entrepreneurs et non pas des gens qui arrivent… qui se déclarent sur le bras comme étant des entrepreneurs, c’est de vérifier, de le valider avec un dépôt d’un montant annuel, maintenant, de 800 000 $ dont les intérêts sont conservés pendant cinq ans par les institutions québécoises. » Il analyse le programme « du point de vue québécois », en indiquant « deux conséquences importantes : La première, c’est qu’on a des grosses familles, des familles qui sont indépendantes sur le plan financier, et qui ont des connections étroites avec les milieux commerciaux, les milieux économiques internationaux, qui vont venir s’installer au Québec, du moins une partie d’entre eux . »
Il poursuit : « Deuxièmement, on a l’aide financière qui, sur, par exemple, un 800 000 $ qui est déposé, ça va rapporter éventuellement au Québec 110 000 $, dont le tiers est utilisé pour payer les partenaires financiers du Québec qui font la vérification des immigrants investisseurs et, d’autre part, qui font aussi la vérification des demandes d’aide financière de la part de nos entreprises québécoises . »
« En clair », renchérit M.Fortin « […] au total, il y a en gros 110 000 $ par immigrant investisseur qui est recueilli, et le tiers de ça va pour payer les intermédiaires financiers, et les deux tiers, 60 000 $, pour l’aide financière aux entreprises via Investissement Québec, et un dernier 15 000 $ dans des programmes gouvernementaux, dont le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles . »
Il liste au moins trois avantages que le Québec tire dudit programme :
« […] premièrement […] on a des entrepreneurs en plus grand nombre au Québec, donc c’est une façon d’utiliser l’immigration pour relever une partie des inquiétudes qu’on a au sujet de la relève entrepreneuriale au Québec. Deuxièmement, ils apportent une aide financière qui peut se monter chaque année. Si vous avez 2 000 dossiers et vous avez 110 000 $ par dossier, bien là, ça fait 220 millions de dollars qui entrent au Québec sans qu’il y ait de contrepartie canadienne ou québécoise de ça ».
Toujours dans les bénéfices que Québec tire de ce programme, il identifie :
« Les enfants de ces entrepreneurs-là qui étudient évidemment au Québec, dans la langue commune du Québec, le français, et on a également des entrepreneurs qui sont susceptibles de développer, avec les entrepreneurs d’ici qui reçoivent les fonds, des liens d’affaires ». Il vante ainsi « l’efficacité extraordinaire de la filière québécoise. Le Québec est une société distincte, si vous voulez me passer l’expression, à l’intérieur de ce programme canadien là, dans le sens que c’est la seule province qui utilise ses propres intermédiaires financiers privés pour aider le ministère de l’Immigration à passer à travers les dossiers, à choisir les candidats et à choisir également les entreprises. » Il se félicite de ce programme d’autant plus que : « ça donne un résultat assez incroyable que près des deux tiers de tous les immigrants investisseurs qui entrent au Canada sont accueillis par le Québec et non pas par d’autres provinces. Il y a une plus faible proportion des immigrants investisseurs, bien sûr, qui restent au Québec. C’est tout à fait normal ».
Il explique ainsi l’une des raisons pour lesquelles il y a moins d’immigrants investisseurs qui restent au Québec : « C’est bien évident que Vancouver est plus proche de Hong Kong que Québec ou Montréal, […]. C’est-à-dire que les 60 % qui sont accueillis par le Québec, évidemment il y en a un nombre inférieur aux 60 % qui finissent par rester au Québec . »
Il soulève un dernier point. « Ce sont aussi des gens qui ne sont pas toujours au Québec parce que leurs affaires sont à l’international », ajoute-il. Selon lui, le phénomène des gens d’affaires qui sont très mobiles constitue une réalité mondiale.
« Donc, si on fait une enquête, bien, il y en a un certain nombre qui ne sont pas au Québec. Il n’y a rien de scandaleux là-dedans, on ne va pas enlever sa citoyenneté canadienne à Paul Desmarais [Paix à son âme] parce qu’il passe les trois quarts de son temps en Europe, là, évidemment. Tu sais, c’est des gens d’affaires internationaux. Mais cependant leurs familles sont ici et leurs enfants sont acculturés au Québec et vont devenir des gens indépendants sur le plan financier, qui vont être des Québécois . »
M. Pierre Emmanuel Paradis qui cherchait à attirer l’attention des parlementaires sur l’impact du programme, trouve que « toutes les provinces qui participent au programme ont le choix de la mesure de développement économique qu’elles préfèrent choisir » . Dans cette perspective, il a salué l’approche du gouvernement libéral provincial qu’il a qualifiée d’«une orientation qui est gagnante », ce qui a permis à des entreprises québécoises d’en profiter. « Je pense que l’orientation vers le financement de la PME du gouvernement du Québec depuis les tout débuts du programme est vraiment une orientation qui est gagnante, et puis ça permet justement à des gens comme Mme Bélanger [une des entreprises intervenant à la commission …] bien, en fait, à son entreprise de croître, créer de l’emploi », tient-il à souligner.
Au sujet de la rétention des immigrants investisseurs, même si son collègue a donné une autre raison, M. Paradis regrette leur départ vers d’autres provinces anglophones.
« C’est dommage que ces gens-là ne restent pas ici. Il y en a plusieurs qui s’en vont en Colombie-Britannique. » L’enquête pancanadienne qu’ils ont réalisée en 2009 sur les familles des immigrants restées au pays prouve que : « premièrement, 90 % avaient acheté une maison au Canada […]. Et puis, si on regarde la dépense moyenne par ménage qui arrive ici, on parle de 2 500 familles par année, la dépense moyenne est d’environ 720 000 $. Donc, c’est un montant qui est extrêmement important, qui est en fait même sous-estimé par la façon dont on l’a présenté. Et puis, plutôt que de «focusser», je crois, sur le pourcentage élevé qui quitte le Québec, je pense que c’est important de se concentrer, de dire : Bien, tous ceux qui restent font vraiment beaucoup de retombées . »
Les critiques récurrentes du programme
Des employeurs québécois reçoivent, grâce au programme des investisseurs étrangers, une aide financière non remboursable. Ce programme a essuyé des critiques : des questions sur le délai de traitement sont posées, mais aussi les détracteurs de ce programme soutiennent qu’il profite plus aux institutions financières qu’aux immigrants. La capacité d’attraction de ce programme est réel, mais le délai d’attente (délai de deux ans et demi, c’est le délai moyen pour le Canada selon M. Pierre Emmanuel Paradis contre 14 semaines pour le Royaume-Uni (Mai 2011) « à partir du moment où le dossier est complété jusqu’au moment où la décision finale est prise pour dire : Oui, vous entrez; non, vous n’entrez pas ») peut nuire à cet aspect dans un contexte de compétitivité (12 000 dossiers en attente, selon M. Pierre Emmanuel Paradis).
Le programme Immigrants investisseurs stimule l’économie québécoise.Dans un article intitulé Immigrants investisseurs : une manne pour les institutions , Olivier Bourque et Michel Munger de la chaîne Argent disaient ceci :
« Ces 2 500 étrangers apportent entre 800 millions $ et 1,2 milliard $ annuellement rien qu’au Québec. Le montant total est placé dans des obligations et c’est le rendement dégagé qui est réellement investi dans l’économie québécoise. » Toujours selon cet article : « Certaines institutions financières ne cachent pas que le programme est très rentable. Au premier trimestre de 2010, Desjardins expliquait une partie de la hausse de ses revenus par les résultats du programme. Les chiffres prouvent d’ailleurs l’importance du programme au Mouvement. Environ 25 personnes forment l’équipe des immigrants-investisseurs chez Desjardins. Une panoplie d’autres institutions canadiennes travaille également sur le programme . »
Si les immigrants profitent de la société, les institutions financières, notamment les banques et les maisons de courtage, profitent également des immigrants.
Les critiques du programme font généralement mention, comme M. Paradis le soulignait lui-même en commission parlementaire : « [de]la langue, […] la scolarité, […] la rétention des immigrants-investisseurs, […] la transparence de certains documents ». En dépit des « objections » exprimées sur ce programme, il ne les partage pas toutes et estime que Québec tire un avantage réel du programme.
Cependant, il a aussi abordé les points négatifs relatifs aux délais d’attente liés au traitement des dossiers :
« On a une file d’attente qui s’allonge de façon considérable. On avait, au 31 décembre 2010, un total de 12 000 dossiers. Et puis, quand on parle de 12 000 dossiers, c’est des dossiers complets, épais comme ça. Donc, les gens ont fait le travail, de monter toute la documentation, toutes les informations bancaires. C’est des dossiers qui restent en attente. Ils sont dans des caisses. Et ils prennent en moyenne 2,5 ans. Et si on regarde le volume actuel, on peut penser même trois ans à être traités. » Un manque à gagner selon lui. « Donc, vous vous imaginez que vous faites une demande d’immigration, vous avez des gens qui amènent beaucoup, beaucoup au Québec, au Canada. Puis, ça reste là. Ce n’est pas traité. Et chacune des demandes d’application, on parle 4 000 $ à chaque fois, qui est versé au gouvernement. Donc ça, c’est un tarif qui est versé. Mais maintenant, est-ce que c’est utilisé pour avoir plus de personnel pour traiter ces dossiers-là? De ce qu’on comprend, quand le montant est versé comme ça pour avoir le service, bien, ils n’ont pas nécessairement le service. En fait, c’est même arrivé que les sommes reviennent au fonds consolidé . »
Répondant à une question du député Benoît Charrette sur les conséquences de la lenteur du traitement des dossiers (« perte de compétitivité et du capital d’attraction par rapport aux autres pays »), M. Pierre Emmanuel Paradis explique : « […] plus le délai allonge, plus les données bancaires que vous avez déposées il y a un an, deux ans, trois ans, sont de moins en moins pertinentes. Vos enfants ont 10 ans, bien, après deux ans, trois ans, ce n’est plus au primaire qu’ils ont besoin d’aller, c’est au secondaire ».
Il renchérit en pointant du doigt les failles en ce qui a trait à la longueur de traitement des dossiers à cause de la lourdeur de la bureaucratie administrative :
« […] Partout ailleurs au fédéral, on parle d’un formulaire d’une ou deux feuilles de papier. Au Québec, c’est plus épais qu’un bottin de téléphone. Donc, ça arrive, c’est prêt. C’est prêt à être traité, donc, c’est pour ça que vraiment c’est important justement pour ne pas que toutes ces informations-là, qui ont été colligées quand même pendant trois mois, quatre mois, par les immigrants qui ont voulu faire leurs demandes, après ça, n’aboutissent pas juste en attente comme ça, là, d’être traitées . »
Interrogé par l’ancienne ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, Mme Kathleen Weil, sur « le rôle des intermédiaires financiers », M. Pierre Fortin qui n’a pas la langue dans sa poche réplique :
« […] nous, on est en relation avec eux depuis un certain temps, mais la principale question qui est posée à l’extérieur, c’est : Comment ça se fait qu’on dépense autant, mettons, le tiers de ce qu’apporte un investissement étranger pour donner dans les mains de ces crosseurs du secteur privé? Grosso modo, c’est la première question qu’un journaliste te pose quand on parle de l’investissement des immigrants investisseurs.
« C’est exactement ce qui m’est arrivé tout à l’heure. On ne m’a pas demandé: Est-ce que c’est un bon programme? Est-ce que ça apporte au Québec? Est-ce que ces familles-là s’intègrent bien? On m’a juste demandé : Comment ça se fait que ces crosseurs (arnaqueurs) du secteur privé là font tant d’argent sur le dos du peuple? En gros, c’est ça qui a l’air à intéresser les médias. Je trouve ça complètement imbécile comme attitude », d’un ton révolté. Il donne les raisons : « Parce que, premièrement, c’est s’imaginer que le choix des immigrants investisseurs par quiconque s’en occupe et le choix des dossiers de prêts, ça ne coûterait rien au gouvernement s’il s’impliquait là-dedans.
« Alors, 35 000 $ par dossier, ce qu’ils reçoivent, c’est à peu près le tiers de ce que ça coûterait dans une année, c’est le tiers du temps d’une année d’un fonctionnaire, ce serait à peu près ce qui pourrait être dépensé par un fonctionnaire du Québec très compétent. Et on voit d’ailleurs que, le fait que le Québec utilise ce partenariat-là plutôt que d’utiliser des fonctionnaires fédéraux pour recevoir les immigrants, par exemple, à Hong Kong ou à Casablanca ou n’importe où, que, je veux dire, ça a des conséquences absolument magistrales pour le Québec…. Vous avez juste à faire le décompte financièrement. On est super gagnants, bien au-delà de ce qu’on leur verse en termes de rémunération . »
Il est vrai que les intermédiaires se frottent les mains au sujet de ces programmes, mais comme le disait à juste titre M. Fortin, on ne regarde pas très bien ce que cela rapporte à l’économie québécoise.
Monsieur Fortin de rajouter : « […] je trouve ça complètement ridicule qu’on se concentre sur cet aspect-là de la question. D’autant plus que la réponse à la question, c’est qu’au contraire le Québec est le super grand gagnant de ce partenariat-là, qui nous fait les grands champions du programme au Canada ».
Le programme fonctionne grâce à la collaboration de plusieurs partenaires : Investissement Québec, le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, Emploi-Québec, les institutions financières partenaires telles que la Banque Nationale du Canada, la Caisse populaire Desjardins, La Laurentienne, Industrielle Alliance. Les institutions financières vont à l’étranger pour recruter des personnes très riches et sollicitées par le monde entier pour leur contribution au développement économique. Les institutions financières deviennent des interlocuteurs crédibles et une courroie de transmission entre les PME du Québec et certaines entreprises de leur pays d’origine.
Quand on regarde la composition sociologique de ces personnes riches, « 80 % de ces immigrants investisseurs sont d’origine asiatique ». Selon M. Pierre-Emmanuel Paradis, les immigrants investisseurs proviennent essentiellement des pays asiatiques comme la Chine, Hong Kong, l’Inde, le Pakistan. M. Paradis tout comme M. Fortin seraient absolument ravis que l’on cible d’autres pays comme le Vietnam, mais aussi le bassin géographique de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
M. Paradis rajoute que :
« Les immigrants-investisseurs au Québec, ça représente environ 3,5 % de tous les immigrants. Ça fait que c’est vraiment un petit nombre. C’est-à-dire, on les doublerait demain matin, ça ne ferait pas une si grosse différence, je vous dirais, sur l’enveloppe globale. Sur l’impact économique, oui, mais peut-être pas sur le nombre ». « La chose qu’on a constatée, puis qui est très intéressante, c’est : même si on ne parle pas du tout de l’impact de la composante programme, si on regarde l’impact de la composante famille, en termes d’éducation, de démographie, c’est vraiment une clientèle qui est idéalement positionnée pour nous aider dans nos défis justement. Le demandeur principal moyen arrive entre 40 et 49 ans. Ils arrivent en moyenne avec […] trois autres membres de leur famille, qui est deux fois plus que la moyenne des autres immigrants des autres catégories…. Et, vraiment, du côté démographique, famille, établissement, je pense que n’importe quoi qui peut être fait pour l’améliorer va être très, très valable . »
Il faudra davantage travailler sur la rétention des immigrants investisseurs au Québec. Selon, la présidente sortante du Conseil des relations interculturelles du Québec, Mme Patricia Rimok :
« 90 % (des immigrants investisseurs) quittent le Québec au bout de 10 ans. Évidemment, on pourrait regarder et retrancher différentes années pour voir si ça monte ou si ça descend, mais bref, si on le voit sur le long terme, ça fait 20 ans qu’on ne les retient pas….Favoriser à ce que les immigrants investisseurs deviennent un vecteur d’innovation et qu’ils contribuent à la relève entrepreneuriale, et les inciter bien sûr à créer des entreprises qui favorisent la création d’emplois. Et bien sûr, encore, leur dédier un service d’accompagnement sur mesure à l’écoute de leurs besoins . »
Elle avait d’ailleurs profité de l’audition du défunt Conseil des relations interculturelles du Québec pour annoncer le lancement du « site Web, http://www.ib2ib.net, réseau d’affaires immigrantes qui se veut dans la première phase, un forum de partage et d’échange pour les immigrants d’affaires ».
À ce titre, M. Paradis formulait les trois recommandations suivantes :
« La principale, c’est que, premièrement, l’impact est considérable, à la fois pour les PME et pour les familles. Ça vaut la peine de bonifier le programme. Deuxièmement, je pense que la gestion de la file d’attente est très importante à faire. Et, troisièmement, on a des belles initiatives, qui ont été mises en place en termes de l’intégration de ces familles-là, que ça vaut la peine d’être continué, et puis, que le programme puisse justement trouver des façons d’être flexible et puis de bien accueillir le plus de gens possible . »
Les nouvelles mesures du gouvernement péquiste au sujet du programme Immigrants investisseurs ont fait les manchettes en août 2013. Les partis d’opposition ont accusé la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, Diane De Courcy, d’avoir choisi au hasard les immigrants investisseurs .
En tenant compte d’une certaine adaptation, comme l’a recommandé la FCEI, du maintien et de l’élargissement du programme, comme le suggèrent certains économistes, le programme Immigrants investisseurs peut créer des emplois et contribuer de manière significative à la relève entrepreneuriale au Québec.
Sur le plan fédéral, après les immigrants investisseurs, Ottawa cherche à attirer les immigrants entrepreneurs, des « créateurs d’entreprises étrangers » qui développeront de nouvelles idées et établiront des partenariats mondiaux :
« Le Canada a déjà une des politiques d’immigration les plus accessibles du monde. Depuis le premier avril [2013], les portes du pays se sont ouvertes encore plus largement avec le lancement du Visa pour démarrage d’entreprise, un projet pilote qui octroiera sur-le-champ jusqu’à 2 750 résidences permanentes à certains entrepreneurs et à leurs familles.
« La condition? Que leur projet d’entreprise soit financé à hauteur de 200 000 $ minimum par l’un des 20 fonds de capital-risque désignés par le gouvernement, ou 75 000 $ minimum par l’un des trois groupes d’investisseurs également autorisés par Immigration Canada.
« Une première. D’autres pays comme l’Australie, le Chili ou le Royaume-Uni ont aussi récemment mis sur pied des programmes d’immigration similaires, mais le Canada va plus loin : il octroie la résidence permanente a priori, alors que les autres pays attendent que les entreprises aient fait leurs preuves avant d’accueillir leurs fondateurs pour de bon . »
La brochure « Le Canada veut des entrepreneurs!», disponible sur le site de Citoyenneté et Immigration, donne une meilleure idée du nouveau Programme de visa pour démarrage d’entreprise du Canada.
Le gouvernement fédéral a décidé d’abolir les programmes immigrants investisseurs et entrepreneurs dans le dernier budget Flaherty (Plan d’action économique 2014). Les auteurs de l’essai polémique Le remède imaginaire. Pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec de Benoît Dubreuil et Guillaume Marois, publié en mars 2011, font partie des détracteurs du Programme d’immigration des investisseurs (PII).
Ma question est la suivante : Si le programme d’immigration des investisseurs n’a pas les vertus économiques qu’on lui prête, pourquoi le gouvernement péquiste actuel déciderait il alors- de le conserver après la suppression dudit programme par Ottawa?
Même si le programme devrait être plus compétitif, l’efficacité du Programme d’immigration des investisseurs(PII), en termes d’emplois créés, n’est plus à démontrer. Loin de s’acheter un statut de résidence permanente, les immigrants investisseurs et les immigrants entrepreneurs permettront de dynamiser l’économie dans un contexte de mondialisation où toutes les sociétés d’immigration cherchent à tirer bénéfice de la circulation des cerveaux, des talents, des investisseurs et des entrepreneurs ingénieux.
Source : Blogue de l’intégration professionnelle (Doudou Sow)
Par Doudou Sow le Mardi 24 Octobre 2017 dans Archives, Blogue, Entreprendre au Québec, ENTREPRENEURIAT, Entrepreneuriat immigrant, Entrepreneuriat international. Aucun commentaire