Devant les rumeurs incessantes et plusieurs ballons de sonde d’un report de l’élection présidentielle, le coordonnateur Forum Civil, section sénégalaise de Transparency International Birahim Seck a remis les pendules à l’heure : « L’élection présidentielle doit se tenir le 25 février 2024. Toute personne du pouvoir, de l’opposition ou de la société civile qui travaille pour son report est un ennemi de la démocratie et ne mérite aucune considération (de la) part du peuple ».

Dans cette même perspective, l’enseignant-chercheur en droit public à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) et constitutionnaliste Mouhamadou Ngouda MBOUP a également démontré le seul motif de droit pouvant justifier un éventuel report du scrutin présidentiel. « Il est impossible de reporter une élection présidentielle, en dehors du seul cas de décès d’un candidat (article 29, alinéa 3 de la Constitution). Les articles 27, 29 et 103 de la Constitution constituent des obstacles rédhibitoires à toute tentative de report de l’élection présidentielle. L’élection présidentielle se tiendra obligatoirement le 25 février 2024. »

Il ne faut en aucune façon violer le calendrier électoral de la présidentielle. Malgré les sérieuses défaillances du processus de parrainage, l’élimination arbitraire des principaux adversaires politiques, dont le chef de l’opposition Ousmane Sonko; les électeurs sénégalais finiront par avoir le dernier mot le 25 février 2024. En clair, il ne pourrait y avoir d’échappatoires ou de subterfuges pour reporter cette élection si cruciale pour l’avenir du Sénégal, tellement les enjeux sont énormes. Le Sénégal est à la croisée des chemins. Peu importent les conclusions d’un deal politique lors de cette démarche finalement paradoxale du 24 janvier (rencontre entre le chef de l’État et certains candidats recalés), le président Macky n’a pas le pouvoir de reporter l’élection présidentielle.

Si le président de la République, clé de voute des institutions, voulait régler les préoccupations légitimes des Sénégalais, il n’instrumentaliserait pas la justice en liquidant ses principaux adversaires politiques. Il ne saurait réparer, à ce stade-ci du processus électoral, des injustices qu’il a lui-même sciemment orchestrées. Le président Macky Sall n’a jamais été un homme de dialogue et toutes ses interventions ont été dictées par ses intérêts personnels. En 12 ans de règne, il a toujours fait fi de la volonté populaire. Bien au contraire, il a toujours défié le peuple sénégalais (Lire à ce sujet nos textes, La rupture du dialogue politique, une première dans l’histoire démocratique sénégalaise (2 février 2019); Un président candidat en conflit ouvert et permanent avec son peuple (5 février 2019).

Depuis son indépendance en 1960, le Sénégal n’a jamais connu de report de l’élection présidentielle. Le douzième scrutin présidentiel ne pourrait donc échapper à la règle du jeu démocratique. À 10 jours de l’ouverture de la campagne électorale, l’élection présidentielle doit se tenir à date échue.

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Le président Macky Sall a, conformément à la loi constitutionnelle, jusqu’au 2 avril 2024 pour quitter le pouvoir au grand soulagement des victimes de son régime et du peuple sénégalais de manière générale. Le président sortant Macky Sall a souvent habitué les Sénégalais à clignoter à gauche pour finalement tourner à droite. Ce n’est pas un secret de polichinelle de dire qu’il n’a jamais renoncé au pouvoir et cherche, par tous les moyens, à le conserver.

Les Sénégalais devront alors prendre leurs responsabilités si jamais le président prétexte la demande du collectif des recalés, une coalition circonstancielle, pour violer encore la volonté populaire. « L’opposition à Macky Sall : ses anciens ministres, ses anciens alliés et des jamais vu dans le paysage politique sénégalais », fait ainsi remarquer Ayache Bielsa dans une publication sur sa page Facebook.

Une élection pour la libération de tous les prisonniers politiques et détenus d’opinion au Sénégal

Le vaillant député du peuple Guy Marius Sagna a bien résumé sur sa page Facebook un des enjeux de cette élection : « Macky Sall ne passera pas un jour de plus au palais à la fin de son mandat. Sonko et les plus de mille détenus politiques ne passeront pas un jour de plus en prison. Il n’y aura aucun report du départ de Macky. Il n’y aura aucun report de la sortie de prison de Sonko et des plus de mille détenus politiques. »

À quelques jours des élections, la maîtrise du fichier électoral, le retrait des cartes d’électeurs, le vote massif et la sécurisation du vote devraient être le combat de tous les acteurs politiques et des mouvements citoyens. Ceux qui souhaitent un vrai changement pour un Sénégal souverain ne doivent pas se tromper de cible. Il y va de l’avenir de notre si belle nation.

Doudou Sow, sociologue, auteur et lauréat du Mois de l’histoire des Noirs

Par Doudou Sow le Jeudi 25 Janvier 2024 dans Blogue. Aucun commentaire