
Les politiques publiques d’emploi et les conditions idoines mises en place par un prochain gouvernement visionnaire et pragmatique devront donc nécessairement : (1) redonner espoir à une jeunesse consciente, engagée, panafricaniste et politisée-un des mérites du leader de l’opposition Ousmane Sonko du parti Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) est d’avoir incité, à juste titre, les jeunes à croire fermement en la politique, un outil qui peut changer positivement les destinées d’une nation. On observe alors un véritable changement de paradigme opéré sur les jeunes, une bonne nouvelle pour l’avenir de ce pays francophone; (2) accentuer la formation des métiers issus notamment des ressources naturelles et mettre en place des mesures incitatives visant à lutter contre le phénomène mondial des jeunes NEEF (c’est-à-dire, des jeunes âgés de moins de 35 ans qui ne sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation ou acronyme anglais NEET (Not in Education, Employment or Training). Au Canada, en particulier au Québec, le gouvernement provincial lance des appels de projets Jeunes NEEF sur tout le territoire dans le but de soutenir activement cette catégorie importante de la population dans leur démarche d’intégration au marché du travail); (3) appuyer l’entrepreneuriat local et les investisseurs nationaux (une vision défendue ardemment par les acteurs politiques, partout dans le monde, qui veulent avoir un contrôle efficient sur leur économie et prendre ainsi leur réelle place dans un environnement mondialisé et compétitif); (4) s’appuyer sur un modèle inclusif de l’économie sociale et solidaire, et ne pas négliger l’apport réel des petites et moyennes entreprises (PME) dont les retombées économiques restent dans le terroir, la ville ou la région. Par exemple, au Québec « en 2019, la quasi-totalité (99,8 %) des entreprises québécoises sont des PME, c’est-à-dire qu’elles ont moins de 500 employés, et plus de la moitié (53,0 %) comptent moins de 5 employés ». (Pour aller plus loin sur le sujet, lire le communiqué de l’Institut de la statistique du Québec-Les entreprises québécoises de moins de 5 employés : portrait et contribution à la dynamique des entreprises et de l’emploi); (5) favoriser indiscutablement l’industrialisation de l’économie sénégalaise (un secteur important pour assurer le développement économique, la croissance et la rentrée de capitaux et taxes); (6) travailler continuellement sur une politique et philosophie prônant la bonne gouvernance, l’instauration d’un État de droit et d’une justice équitable.
La demande sociale sénégalaise exige de mettre fin à une « Justice : deux poids deux mesures », une justice instrumentalisée par le pouvoir-qui liquide des adversaires politiques-mais aussi l’impunité, jamais égalée dans l’histoire politique sénégalaise.
Les signaux du décalage entre le pouvoir et le peuple sénégalais étaient pourtant bien visibles, sans que le principal concerné ne les décode
Le président Macky Sall qui veut « tout faire pour réduire l’opposition à sa plus simple expression » vient de subir en pleine face les contrecoups (effet boomerang) de sa politique de liquidation d’adversaires potentiels et de privation des libertés individuelles. Le peuple sénégalais aura toujours le dernier mot, une vérité absolue qui devrait être comprise par un politicien qui, loin d’être le meilleur de sa génération, a pourtant largement bénéficié des acquis démocratiques sénégalais. La fonction de président de la République exige une certaine dignité, un dépassement de soi, une culture de la tolérance. La démocratie est une affaire de franc-jeu nourrie par des « gentlemen » favorisant de manière élégante la sportivité. Les Sénégalais n’ont jamais élu dans leur histoire un chef d’État qui les a autant méprisés que Macky Sall.
Les signaux du décalage entre le pouvoir et le peuple qui a toujours fait preuve de maturité étaient pourtant bien visibles (mort tragique de 14 personnes lors de manifestations qui se sont déroulées dans la période du 3 au 8 mars 2021, perte des élections locales de janvier, remportées par l’opposition dans de grandes villes comme Dakar (capitale nationale), Thiès, Ziguinchor et tout récemment les législatives (confirmation de la tendance de pertes de grandes villes préalablement citées auxquelles s’ajoute Saint-Louis). La chute vertigineuse de l’électorat du parti présidentiel, Alliance pour la République (APR) et de ses alliés, se mesure aussi par la projection des résultats de la dernière élection. Les résultats définitifs des élections ne seront prononcés par le Conseil constitutionnel qu’une fois examinés les recours déposés par l’opposition. En guise de comparaison, la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar (BBY- « unis pour le même espoir ») raflait presque tous les postes de députés. En juillet 2012, la coalition présidentielle avait largement remporté les élections en obtenant 119 des 150 sièges de députés à l’Assemblée nationale. En juillet 2017, Benno Bokk Yakaar avait 125 députés sur les 165, laissant ainsi des miettes à l’opposition.
Un président en conflit ouvert et permanent avec son peuple
Depuis plus de 10 ans qu’il est à la tête du pays, ce président est en conflit ouvert et permanent avec son peuple. « Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite », disait l’homme politique, philosophe et écrivain français Joseph de Maistre. La population sénégalaise qui a une culture pacifique ne mérite pas ce président qui dirige les destinées de la nation. Les Sénégalais ont enduré dignement des années de privation de liberté, de népotisme, une justice inféodée au pouvoir même s’il existe toujours en son sein des juges et magistrats indépendants, de liquidation des adversaires politiques et de recul démocratique. La volonté de changement majoritairement exprimée dans les urnes par les électeurs sénégalais est une réponse à l’arrogance et aux dérives dictatoriales répétées du président Macky Sall et de son gouvernement. Le dernier mot revient donc à la population sénégalaise, qui est le seul arbitre du jeu démocratique. « Les Sénégalais ont décidé d’une cohabitation au niveau de l’Assemblée nationale », déclarait en point de presse Déthié Fall, le stratège de « l’accord du siècle » qui a mis un plan que le député et économiste Mamadou Lamine Diallo a surnommé «PDF ». Une stratégie qui consiste à faire de telle sorte qu’une coalition s’engage à soutenir l’autre dans le département où elle est en position de force. La population a compris cette stratégie qui s’est révélée payante si on analyse globalement les résultats des élections. L’opposition s’est concentrée sur des points de convergence, sachant qu’un accord sur la liste nationale aurait été plus compliqué à réaliser.
En véritable leader-pour ne pas dire chef de guerre ou de troupe-, le jeune Déthié Fall a mis en place une tactique qui a surpris le président Macky Sall qui utilise souvent des méthodes non-conventionnelles pour damer le pion à l’opposition. Le mandataire national de la principale coalition Yewwi Askan Wi (Yaw-Libérer le Peuple) qui était emprisonné arbitrairement en contexte préélectoral peut jubiler parce qu’il a brillamment réussi à réunir les principaux partis de l’opposition, un défi de taille rarement relevé. Une belle prouesse technique qui est en train d’être chantée partout. Sa stratégie devient ainsi un cas d’école pour le continent africain; voilà le Sénégal dont nous rêvons et voulons co-construire, celui dont ses filles et fils se classent parmi les meilleurs du monde. La relève politique suscite un réel espoir auprès des Sénégalais et permet aux jeunes de garder un meilleur état d’esprit face aux défis à venir.
Le président Macky Sall doit accepter, au nom de la cohésion sociale, une cohabitation républicaine à l’Assemblée nationale, pour les 18 mois qui restent de son règne, avant que l’irréparable ne se produise.
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Par Doudou Sow le Jeudi 04 Août 2022 dans ACCUEIL, Blogue, Opinion. Aucun commentaire